Au lendemain des événements tragiques qui ont secoué la nation, la ministre de l’Éducation nationale avait décidé de recevoir toutes les associations d’élus pour rechercher avec elles des solutions contre les conversions au radicalisme religieux. Echos de la réunion qui s’est tenue au ministère le 15 janvier, en présence de Patrick Kanner et Myriam El Khomri et des propos tenus par le Président de notre association, qui renvoie aujourd’hui même plusieurs propositions au Gouvernement.
Un nouvel acte d’autorité républicaine
A l’unisson, toutes les associations d’élus présentes -AMF, Régions de France, Départements de France, Maires de grandes villes, Ville & Banlieue, Villes de France, Communautés de France, Petites villes, Maires ruraux, Villes éducatrices– ont demandé à l’État de reprendre la main face aux menaces terroristes et aux intimidations : « fermeté », « intransigeance », appel à « l’autorité de l’État et à celle des enseignants », sont ainsi revenus dans la plupart des propos pour défendre les valeurs de la République, la laïcité et le vivre ensemble. Au-delà, leurs représentants se sont interrogés et ont interrogé la ministre sur les mesures à prendre pour endiguer et prévenir plus efficacement le phénomène. Et chacune s’est dite prête à collaborer avec l’État pour mener ce travail au sein des services publics locaux, notamment à l’école pour les activités d’enseignement ou les activités périscolaires : restauration et sorties scolaires, tenue des élèves et des adultes, autorisations d’absence…
Une réponse globale, des politiques transversales
Dans ce combat, a fait valoir Damien Carême, président de Ville & Banlieue, « l’école ne peut être laissée seule » et toutes les forces vives du tissu local -parents, associations, mouvements d’éducation- doivent s’engager à ses côtés dans « une véritable dynamique d’éducation populaire ». Chacun en a convenu : seul « un accompagnement personnalisé » des jeunes et des personnes en situation de vulnérabilité offrira des garanties à long terme. Et l’éducation, la culture, le sport, l’assistance médicale, sanitaire et sociale participent ensemble de cette politique d’insertion et de prévention. Au lieu de désarmer face à la crise budgétaire, les politiques publiques en cours d’élaboration, comme les contrats de ville ou les PEDT, devraient bénéficier d’un engagement financier, humain et technique accru de la part de l’État, a réaffirmé le président de Ville & Banlieue, soutenu par nombre de ses collègues.
Le grand retour de la laïcité
Mais le véritable retournement réside peut-être ailleurs : dans le grand retour de la laïcité dans la totalité des prises de positions. Pour tous en effet, et pour la ministre elle-même, l’action publique est « inévitablement re-questionnée par les événements », selon l’expression du maire d’Arras. Les contrats de ville doivent intégrer un volet « citoyenneté et laïcité », suggère ainsi Catherine Vautrin, ancienne secrétaire d’Etat chargée de la ville, présidente de Reims Métropole et représentante de l’AMGVF. Il faudrait aller au-delà, réclament certains qui ne veulent pas cibler les seuls quartiers de la politique de la ville et demandent que les villes et les agglomérations toutes entières puissent s’impliquer. Tous réclament que les PEDT consacrent ainsi cette promotion du modèle républicain, dans lequel la laïcité tient la première place ; comme en témoigne l’expérience relatée par le maire de Brest, où tous les acteurs se sont demandés ensemble comment parler aux enfants des événements récents et de notre conception du vivre ensemble basé sur la laïcité. Résumant cette volonté, le président de l’AMF a appelé les maires « à inscrire dans les PEDT l’acquisition des valeurs républicaines, qui reposent sur des droits et des devoirs, et à exercer toute leur vigilance pour que les intervenants auprès des enfants et des jeunes connaissent la portée de ces principes, s’engagent à les transmettre et les appliquent fermement », leur demandant aussi d’être particulièrement attentifs aux associations qu’elles subventionnent.
Confiance aux élus locaux
Enfin, Damien Carême a tenu à répondre publiquement à la proposition de Malek Boutih, député PS de l’Essonne de « mettre sous tutelle un certain nombre de zones par la gestion directe de l’Etat ». C’est une très mauvaise idée, a martelé le président de Ville & Banlieue : « Les élus savent faire et l’ont largement prouvé lors des émeutes urbaines de l’automne 2005… L’Etat doit nous faire confiance, nous soutenir à travers toutes ses politiques de droit commun ; et l’heure est plus que jamais à la coopération des institutions… L’intérêt général ne sera bien compris et partagé dans nos quartiers que si nous sommes capables de promouvoir ensemble un nouveau modèle de société, basé sur la cohésion et la coopération.