Ville & Banlieue s’engage contre l’illettrisme
Ville & Banlieue a reçu le 4 décembre, au GIE Joubert (Paris IX), Hervé Fernandez et Eric Nedelec, respectivement directeur et coordonnateur de l’action nationale et territoriale de l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI).
Ils ont rappelé que l’ANLCI – créée en 2002 – est un groupement d’intérêt public (GIP) dont le Conseil d’administration réunit des ministères, des organismes publics, des entreprises et des partenaires sociaux. Son but : fédérer et optimiser les moyens affectés par l’Etat, les collectivités territoriales et les entreprises à la prévention et à la lutte contre l’illettrisme.
L’ANLCI ne gère donc pas de crédits d’intervention, elle ne distribue pas de moyens, elle ne fait pas à la place de ceux pour lesquels la prévention de l’illettrisme ou la mise en œuvre de solutions pour les adultes s’inscrit dans leur propre cœur de métier. Son activité comme celle de ses relais opérationnels dans les régions (les chargés de mission régionaux de l’ANLCI) est orientée vers la production de ce qui manque et peut être utile à tous pour que la prévention et la lutte contre l’illettrisme changent d’échelle.
L’ANLCI produit donc des données, des repères pour les décideurs ainsi que des outils communs pour les acteurs dans le but de renforcer l’efficacité collective, de gagner du temps et de la cohérence.
Ville & Banlieue a rejoint le Comité consultatif de l’ANLCI, organe représentatif de la société civile, qui rassemble tous ceux qui ont une part active à prendre dans la prévention et la lutte contre l’illettrisme : organisations familiales et parents d’élèves, organisations professionnelles, syndicats, consulaires, associations, institutions associées.
Les chiffres rappelés par l’ANLCI Plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme ont plus de 45 ans. Les hommes sont plus souvent en situation d’illettrisme que les femmes (9 contre 6 %). La moitié des personnes en situation d’illettrisme vit dans des zones faiblement peuplées, dont 26 % dans les zones rurales. L’autre moitié vit dans des zones urbaines : 27,5 % dans les villes de plus de 100 000 habitants, 10 % en région parisienne (idem en 2004). 10 % seulement des personnes en situation d’illettrisme vivent dans les Zones urbaines sensibles… mais dans les ZUS, le pourcentage de personnes en situation d’illettrisme est deux fois plus élevé que dans la population sur laquelle a porté l’exploitation de l’enquête (14 % au lieu de 7 %) Plus de la moitié des personnes en situation d’illettrisme ont un emploi. 20 % des allocataires du RSA sont en situation d’illettrisme… Mais parmi les personnes allocataires du RSA, la proportion des personnes en situation d’illettrisme est trois fois plus élevée que dans l’ensemble de la population concernée. L’illettrisme n’est pas spécifiquement lié à l’immigration : 71 % des personnes en situation d’illettrisme utilisaient exclusivement le français à la maison à l’âge de 5 ans. |
Aux côtés de l’ANLCI, se trouvaient aussi hier soir deux autres représentants d’institutions membres de son Comité consultatif.
D’une part, Philippe Boutot, directeur de l’Association pour favoriser l’égalité des chances à l’école (APFEE). L’APFEE est bien connue des partenaires de l’éducation pour mettre en œuvre un dispositif de prévention de l’échec précoce en lecture dès le cours préparatoire (CP) : le Coup de Pouce Clé. L’objectif de ce dispositif associant chaque soir auprès d’un petit groupe d’enfants, animateurs et enseignants : apporter aux élèves de CP en risque d’échec, l’aide dont ils ont besoin pour réussir leur apprentissage de la lecture. Enfin, elle implique aussi fortement les parents qui s’engagent à aider et encourager leurs enfants à la maison autour de l’apprentissage de la lecture et du travail scolaire.
D’autre part, Eunice Mangado Lunetta, directrice déléguée de l’Association de la Fondation étudiante pour la ville (AFEV) qui mobilise, depuis 1991, des étudiants bénévoles auprès d’enfants de quartiers populaires rencontrant des difficultés dans leur parcours scolaire. De l’accompagnement vers la lecture à l’accompagnement vers l’orientation, chaque accompagnant s’adapte à la réalité de l’enfant. Forte de 7 000 étudiants, l’Afev est aujourd’hui présente dans 350 quartiers populaires. Depuis 2006, l’Afev développe aussi d’autres formes d’engagement dans les quartiers qui participent à l’amélioration du climat scolaire dans les écoles, et la lutte contre l’isolement des familles, et au renforcement du lien social.
A l’issue du débat, les participants se sont engagés à multiplier les rencontres, relayer différentes actions en faveur de l’égalité d’accès à la réussite éducative, favoriser les synergies entre leurs réseaux.