À l’occasion de l’adhésion de Saint-Fons (69), le cabinet du maire de la commune, Christian Duchêne, a répondu à nos questions.
Pourquoi avez-vous décidé d’adhérer à Ville & Banlieue ?
S’intégrer dans un réseau de collectivités qui ont la connaissance des quartiers populaires et la volonté d’améliorer les conditions de vie des habitants, partager les points de vue et les retours d’expérience, disposer de ressources et d’expertise sur la politique de la ville et de relais auprès des instances nationales pour faire valoir les besoins des populations vulnérables des quartiers.
Quelles sont les spécificités de votre territoire ?
La commune de Saint Fons compte 18 800 habitants. Ce territoire de la première couronne de Lyon est marqué par deux quartiers populaires, Arsenal Carnot Parmentier et Les Clochettes où l’on comptabilise 45% des habitants de la commune et où la pauvreté s’aggrave et le sentiment d’isolement des populations.
Saint-Fons a le deuxième revenu médian le plus faible de l’agglomération derrière Vaulx-en-Velin, et devant Vénissieux : 16 020€ par an contre 22 480€ pour la Métropole. La ville observe un taux de chômage d’environ 22% sur la commune, pouvant atteindre 40% pour les moins de 25 ans. Elle est la commune de la Métropole qui a le plus fort taux d’étrangers en pourcentage de la population : 20% contre 9% en moyenne sur la Métropole. Cela entraîne une grande richesse culturelle mais aussi des difficultés en termes d’accès aux droits ou d’insertion professionnelle du fait de la barrière linguistique.
La ville compte également près de 800 entreprises qui composent la Vallée de la Chimie. Ce dynamisme enclin à l’innovation est un atout sur le plan économique ; il génère toutefois une image parfois néfaste aux yeux de l’opinion publique du fait des risques technologiques liés aux industries hébergées.
Pouvez-vous présenter un projet innovant que vous avez mis en place dans votre collectivité sur un sujet lié à la question des banlieues ou de la politique de la ville ?
La ville soutient une association saint-foniarde créée en 1986 par le maire de l’époque, Franck Sérusclat, pour « faire avec » les habitants et non « faire pour ». Cette association s’appelle « l’Espace Créateur de Solidarités (ECS) » depuis 2008 (anciennement, l’Espace Communal de Solidarité). Elle vise à favoriser l’insertion sociale des personnes fragilisées et développer le pouvoir d’agir de chacun à travers ses quatre pôles : alimentation-santé, jardins, social, et transition écologique-réemploi. L’ECS est un partenaire local de la politique de la ville.
L’objectif de l’ECS est de favoriser l’insertion sociale des personnes démunies au travers la mise en place d’actions destinées à créer de la solidarité entre les habitants, et faciliter l’accès aux droits fondamentaux, donner les moyens aux habitants d’être plus autonome, atténuer les inégalités.
Sur la commune, l’ECS intervient à travers diverses actions : l’épicerie sociale, la recyclerie, la bricothèque, les jardins partagés, et l’accompagnement de 40 bénéficiaires du RSA (délégation de la Métropole).
Au sein de l’épicerie sociale, la Casaline, 98 foyers en moyenne sont accueillis chaque mois lors de trois temps de vente hebdomadaire. Ces temps permettent aux conseillères d’assurer un accompagnement social et budgétaire. Ainsi, elles peuvent informer, orienter vers différentes structures de la commune en fonction des besoins et des demandes, et mobiliser les personnes accueillies sur d’autres actions de l’ECS et des partenaires.
Comme d’autres activités de l’ECS, la Casaline est un lieu ressources pour les habitants du quartier. C’est une première porte pour être accompagné et orienté dans son parcours social ou professionnel. En tant qu’épicerie sociale, elle doit néanmoins faire face à l’inflation, aux difficultés d’approvisionnement, et au financement de ses charges de structure et de fonctionnement qui repose essentiellement sur des fonds publics.
Des ateliers collectifs sont proposés sur les thèmes alimentation – santé – bien être afin de sensibiliser les participants. L’ECS développe des partenariats afin de répondre aux attentes des habitants en termes d’amélioration de la qualité des produits alimentaires.