Situé au sud de la ville de Talence, le quartier de Thouars s’est construit en plusieurs phases, du début des années 70 au début des années 90. Doté de nombreux équipements sportifs et d’un environnement naturel agréable grâce au bois de Thouars (60 hectares), ce quartier est cependant resté inachevé. Il a, en outre, fortement pâti de son urbanisme de dalle ainsi que de lourdes difficultés sociales. Classé en ZUS et inscrit au titre de la géographie prioritaire de la Politique de la Ville, il compte aujourd’hui environ 7000 habitants. En 2001, il est devenu l’objet d’un ambitieux projet de requalification, initié par la Ville de Talence et ses différents partenaires.
Pourquoi ?
Par cette opération de renouvellement urbain, la municipalité souhaitait renforcer l’inscription du quartier de Thouars dans la ville, améliorer la lisibilité de ses différents espaces et favoriser la mixité sociale.
Il s’agissait de corriger ses points faibles, liés en grande partie à sa conception initiale.
À cause d’un aménagement jamais achevé et d’une construction sur plusieurs niveaux, peu ou mal reliés entre eux, ce quartier souffrait d’un fort enclavement. Son fonctionnement en îlots le privait d’une réelle appartenance à une unité géographique plus large.
Son pôle commercial manquait d’attractivité en raison de l’emplacement des commerces dans un espace encaissé, en contrebas des circulations piétonnes.
La trame viaire et les dessertes internes peu satisfaisantes accentuaient l’effet de morcellement de cet espace urbain.
Enfin, l’accessibilité en transports en commun était insuffisante.
Comment ?
La Ville de Talence a souhaité aborder cette requalification du quartier de Thouars selon deux axes principaux. Un axe urbain pour permettre aux habitants de bénéficier d’un environnement rénové et un axe social pour leur apporter une amélioration économique et sociale.
Le renouvellement de ce quartier s’est, en outre, accompagné d’une démarche GUP (gestion urbaine de proximité) et d’une consultation de la population concernant les choix des nouveaux aménagements.
D’un point de vue urbanistique, la nécessité de « casser l’effet de dalle » s’est très vite imposée. Un réseau routier, rehaussé pour s’aligner sur les bâtiments, a été créé afin d’irriguer le cœur de quartier. On est ainsi revenu au concept de commerces sur rue, avec une circulation automobile maîtrisée (limitation de vitesse, espaces pacifiés). De nouveaux logements de deux étages sont venus compléter ce nouveau centre de vie. Tout un travail de rénovation des logements existants a également été réalisé. L’une des spécificités de cette requalification est qu’elle a été menée sans aucune destruction de bâtiments.
Par ailleurs, un pôle de vie collective, ouvert au printemps 2012, a permis de regrouper les acteurs sociaux et culturels sous un même toit, celui du Dôme. Ce bâtiment municipal, d’une superficie de 1900 m2, permet le rapprochement entre institutions et habitants. Il favorise également les échanges entre les habitants eux-mêmes.
Porté depuis 15 ans par la municipalité et ses différents partenaires, ce projet entre aujourd’hui dans sa troisième et dernière phase.
Quel bilan ?
À ce jour, les travaux de réhabilitation ont concerné 21 immeubles et les travaux de résidentialisation, 1500 logements. Soit près de 50% du parc de logement du quartier.
Le Dôme est devenu un pôle particulièrement attractif en accueillant entre 1000 et 1500 personnes par jour.
Les nouvelles voies de circulation ont été inaugurées le 1er mars 2016 et la première phase de construction du nouveau centre commercial est à présent achevée.
Divers aménagements d’espaces (places, rues, aires de jeux, espaces verts) et de nouveaux équipements embellissent aujourd’hui le quartier de Thouars (Dôme, pépinière d’entreprise au Château de Thouars, réhabilitation des groupes scolaires et de deux crèches, création de ruches pédagogiques et d’une miellerie, collecte sélective avec containers enterrés, extension et aménagement de l’espace Piscine Stade Nautique).
Le projet en photos
Interview de François Jestin, adjoint délégué à l’urbanisme, en charge de la requalification du quartier de Thouars
La requalification du quartier de Thouars est un projet ambitieux et de longue haleine. Quels ont été les partenaires de la Ville de Talence au fil du temps ?
La Ville de Talence a développé divers partenariats pour mener à bien ce projet. Dès 2008, elle a signé une convention avec l’Anru (Agence nationale pour la réhabilitation urbaine) et les bailleurs (Coligny et Aquitanis) pour la réhabilitation des logements ainsi qu’une convention Ville-région. A suivi, en 2009, la création d’une association des commerçants de Thouars. En 2011, la CUB (Bordeaux Métropole) s’est associée au projet et une convention a été mise en place avec Domofrance. D’autres partenaires tels que l’Europe (Feder), la Caf, la Caisse des Dépôts, le centre social, les associations de quartier et le département nous ont également accompagnés.
Quelle a été la place et les modalités de la concertation au sein de ce projet ?
L’implication des habitants, leur information ont été au cœur de ce projet. La municipalité a souhaité conduire cette requalification en toute transparence, dans une démarche constante de concertation et d’information. Les habitants ont été considérés comme des partenaires à part entière du projet.
En terme de gestion du projet, quels sont les points forts qui ont contribué à son succès ?
Sous l’impulsion du maire, M. Cazabonne, la Ville de Talence a fait le choix d’un travail en équipe resserrée, opérationnelle dans la décision, en prise directe avec les habitants. Au sein de cette équipe qui rassemblait élus et services techniques, la liberté de parole était totale.
Autre force, le désir de ne pas recourir à une procédure DUP (déclaration d’utilité publique) lors de la phase de rachat des espaces du centre commercial. L’équipe municipale, dans son souci de fédérer les diverses parties autour du projet, a préféré créer un véritable espace de dialogue avec les commerçants, en faire des partenaires.
Quel premier bilan peut-on tirer ?
Ce qui ressort avant tout, c’est la satisfaction des habitants qui se sont ré-appropriés leur quartier tant au niveau de la nouvelle circulation, plus fluide entre les différents points, que de la plus grande proximité et accessibilité des services et des commerces. Ces derniers constatent une hausse de leur fréquentation et un élargissement de leur clientèle grâce à la mise en place d’une zone de magasins sur rue, desservie par des rues à circulation apaisée.
Six mois après l’inauguration du cœur de quartier, les habitants, heureux des transformations réalisées, se montrent impatients quant à la suite des travaux. Pour la Ville de Talence, cette impatience démontre l’adhésion des habitants au projet de requalification du quartier de Thouars et leur envie qu’il soit prochainement mené à son terme.
Quels sont les travaux qui restent à réaliser ? Quelle est la date prévue pour la fin des travaux ?
À ce jour, trois grands chantiers sont à venir. Tout d’abord, l’îlot sud avec la construction de deux bâtiments qui auront pour vocation d’accueillir un pôle médical, une brasserie et une supérette. Parallèlement, une grande concertation va être lancée en 2017 auprès des habitants au sujet du réaménagement de la « butte » située dans le nouveau cœur de quartier. Il s’agit de choisir les équipements et aménagements qui seront installés dans ce futur jardin public. Enfin, l’îlot ouest sera lui aussi transformé. Un plan de rachat des commerces existants est prévu. Ces derniers seront détruits afin d’ouvrir sur le reste du quartier la place qu’ils entourent aujourd’hui. En concertation avec les habitants, l’aménagement de cette place en espace public reste à définir.
Ces travaux devraient se terminer au cours de l’année 2019, ce qui coïnciderait avec les 50 ans du quartier de Thouars. Un beau symbole !
- Commune : Talence
- Département : Gironde (33)
- Région : Nouvelle-Aquitaine
- Population : 42 119 habitants
- Maire : Alain Cazabonne (Modem)
- Site internet : www.talence.fr
- 16 ans de démarches
- Réhabilitation de 50% des logements
- 15 millions d’euros de travaux
- 4 hectares d’espaces publics
- 0 plainte durant les travaux