D’une superficie de 72 000 m2, la cité de La Noue est située au nord-ouest de Montreuil. Malgré de nombreux atouts (proximité avec Paris et avec le réseau métropolitain, un tissu urbain très aéré, un parc immobilier en bon état et bien entretenu, un tissu associatif dynamique), ce quartier a pâti, au fil des ans, de son urbanisme de dalle (enclavement, manque de transports, fermeture des commerces). À ces problèmes sont venus s’ajouter des difficultés d’ordre social comme le chômage. Afin d’améliorer le cadre de vie de ses habitants et d’inscrire ce quartier dans un développement économique dynamique et innovant, la Ville de Montreuil s’est engagée dès la fin 2011 dans un ambitieux plan de rénovation urbaine et sociale, porteur des valeurs du vivre-ensemble montreuillois.
Pourquoi ?
Par ce programme de rénovation urbaine et sociale, la municipalité de Montreuil souhaite remédier aux faiblesses liées en grande partie à la conception originelle de ce quartier.
Ce dernier demeure enclavé en raison d’entrées peu visibles et à cause d’un ensemble de cheminements complexes et peu lisibles, sur dalle et en cœur d’îlot. Il affiche, en outre, des espaces dégradés ainsi que des parkings vétustes. Sa galerie marchande est, de plus, détériorée et peu attrayante, sans parler de la fermeture de nombre de ses commerces de proximité. Enfin, le quartier souffre d’un manque de centralité car son centre géographique, le square Lénine, demeure un espace peu valorisé et peu attractif.
Comment ?
La Ville a donc lancé un Programme de rénovation urbaine et sociale (PRUS), fruit de l’action déterminée de Patrice Bessac, son maire, auprès des pouvoirs publics. Ce protocole signé le 21 décembre 2011 vise à répondre aux problèmes structurels de fonctionnement et de gestion, jamais résolus depuis 40 ans, ainsi qu’à enrayer l’aggravation de la situation sociale et urbaine du quartier.
Il fait l’objet d’un protocole de programmation conclu avec l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) et l’Office Public de l’Habitat Montreuillois.
Les travaux prévus représentent un investissement de plus de 6 millions d’euros. La Région Île-de-France et l’État, par le biais de l’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine, participent à hauteur de 2,5 millions d’euros. L’établissement public territorial Est-Ensemble Grand Paris contribue pour un montant de 440 000 euros et la Ville de Montreuil s’engage financièrement pour 5,4 millions d’euros.
Outre la volonté politique de l’équipe municipale, ce projet est aussi le fruit d’un long travail de concertation et d’implication des habitants de La Noue. Dès 2010, de nombreux échanges ont été organisés afin de valider et d’intégrer leurs attentes (ateliers, réunions et visites).
Par une approche innovante, au plus près des habitants, l’agence Ville ouverte, prestataire en charge de cette concertation, a réalisé un travail remarquable qui a permis d’impliquer les habitants du quartier dans la conception des futurs espaces extérieurs. Elle s’est rendue sur place, à la rencontre des co-propriétaires, des locataires, des associations et même des enfants, sans oublier les populations les plus fragiles. Elle a ainsi recueilli les attentes des habitants par le biais d’ateliers et de rencontres. Les propositions des habitants ont été consignées au sein d’un support original, une BD.
La première phase des travaux a été lancée en janvier 2016, pour une durée approximative de 18 mois.
Elle a porté sur :
– l’aménagement d’espaces verts de meilleure qualité,
– l’installation et la rénovation des jeux pour enfants (réhabilitation et agrandissement des bosses, installation de nouveaux jeux sur les buttes, création d’une aire de jeux et de jardins partagés sur la dalle Jean-Pierre Timbaud),
– le déplacement et la rénovation du terrain multi-sports, maintenu en cœur de quartier,
– la création d’une voie de circulation automobile (nord-sud, à sens unique et à 20 km/h) reliant la rue Delpêche à la rue Jean-Lolive. Large de 3,5 mètres, elle sera bordée d’un verger,
– la réalisation d’une promenade piétonne (est-ouest) reliant le parc des Guilands à la rue du Clos-Français,
– la rénovation de l’éclairage,
– la plantation de nouveaux arbres et la conservation des plus beaux spécimens déjà présents.
Tout au long de cette période, les habitants ont été tenus informés du calendrier évolutif des travaux. Le premier numéro de La Gazette du PRUS, créée à cet effet, a été distribué dans les boîtes aux lettres dès le 15 janvier 2015. Des panneaux explicatifs ont été apposés devant l’école maternelle Rosenberg ainsi qu’aux trois entrées du quartier.
Quel bilan ?
À ce jour, les travaux engagés ne sont pas tout à fait terminés. L’inauguration des réalisations de la phase 1 est prévue pour l’été 2017.
Un protocole de préfiguration des phases ultérieures (2016-2018) est en cours. Il sera suivi d’une convention de financement puis du lancement des travaux de la 2ème phase du PRUS. La Mairie souhaiterait entreprendre le plus rapidement possible la rénovation de la galerie marchande de La Noue, ainsi que les travaux de reconversion du bâtiment qui accueille actuellement les bureaux de l’AFPA.
Le projet en photos
Interview de M. Gaylord Le Chequer, adjoint au maire de Montreuil délégué à l’aménagement durable, à l’urbanisme, aux grands projets et aux espaces publics
La phase 1 se termine bientôt, quel bilan tirez-vous de cette première phase de travaux ?
Le programme de l’ANRU 1 sera terminé d’ici 6 mois. À ce jour, le quartier est encore en travaux et le chantier s’est pour l’instant globalement bien déroulé.
Entre la signature du protocole ANRU (décembre 2011) et le démarrage des travaux au printemps 2015, une longue période s’est écoulée. Cela s’explique par le fait que les espaces publics n’appartenaient pas à la Ville avant février 2015. L’AFUL (regroupement des bailleurs sociaux et ses copropriétaires de la cité) en était propriétaire. Avant le démarrage des travaux, il a donc fallu surmonter et trouver des solutions à ces problèmes juridiques et fonciers d’une extrême complexité.
Par ailleurs, en phase de conception, nous avons été confrontés à des problèmes de pollution des sols. Nous avons donc dû apporter des modifications au projet afin d’éviter un surcoût trop important.
Quel a été l’impact des travaux sur le quotidien des habitants et les solutions provisoires apportées pour en diminuer les désagréments ?
Le chantier a évidemment eu des conséquences sur la vie quotidienne des habitants de la Noue. On a essayé de limiter les désagréments au maximum, mais vue l’ampleur de ce chantier, en cœur de cité, certains étaient inévitables, notamment en termes de stationnement. Le quartier connaissait déjà une situation dégradée que la phase chantier a compliquée, puisque son périmètre a été interdit aux véhicules et que les moyens de verbalisation étaient réduits.
En ce qui concerne la collecte des ordures, le chantier a bouleversé l’organisation des points d’apport volontaires habituels. Il a donc fallu modifier certains de leur emplacement et les remplacer par des conteneurs provisoires. La Ville a missionné la régie de quartier pour veiller au bon fonctionnement de cette nouvelle organisation. Sur ces problèmatiques de propreté, des personnes en contrat d’insertion ont été chargées d’intervenir, tant en curatif qu’en préventif.
À noter aussi quelques coupures de réseaux, mais qui ont été plutôt bien anticipées. Le conseil de quartier a par ailleurs interpellé la municipalité et les services sur la question de la sécurisation des cheminements et des emprises du chantier.
Enfin, la gestion du chantier a été facilitée par l’implantation sur le quartier de l’antenne de vie de quartier. Au sein de son équipe a été désignée une chargée de mission « gestion urbaine de proximité ». Elle fait le lien au quotidien entre les différents intervenants et les habitants pour que tout se déroule au mieux.
Pourriez-vous citer et développer quelques éléments du volet social de ce programme de rénovation ?
Dans le cadre de l’action en faveur de l’insertion, on a cherché à faciliter l’accès des habitants du quartier aux emplois générés par le chantier de rénovation urbaine engagé à la Noue. Dans les marchés de conception et de travaux, le choix a donc été fait de favoriser un recrutement local (1 pendant la phase conception, 2 pendant le chantier).
La ville de Montreuil a également choisi de mettre en place une concertation ambitieuse sur le projet en recourant notamment à des supports innovants (BD etc). Le prestataire de la concertation, Ville ouverte, avait également embauché des jeunes du quartier sur des temps ponctuels pour administrer des questionnaires. De mai à juillet 2012, un groupe de 6 jeunes de La Noue ont participé à la mobilisation et à l’animation des ateliers de concertation installés en pied d’immeubles.
En 2016, des habitants ont, en outre, porté un projet de jardin collectif qui pourrait se développer dans des zones non traitées dans le chantier de la phase 1.
Le volet social sera beaucoup plus développé dans le NPNRU (Nouveau Programme de Renouvellement Urbain). Précisons que le projet ANRU 1 n’a permis d’obtenir que des financements destinés à la rénovation des espaces publics. Dans le cadre du NPNRU, une réflexion est prévue sur les équipements du quartier (notamment les écoles). La municipalité porte, en outre, le projet de création d’un centre social.
Tous ces projets feront l’objet d’une concertation ambitieuse avec les habitants.
- Commune : Montreuil
- Département : Seine-Saint-Denis (93)
- Région : Île-de-France
- Population : 104 139 habitants
- Maire : Patrice Bessac (PCF)
- Site internet : www.montreuil.fr
- + de 18 mois de travaux en cœur de cité
- 4 291 habitants concernés
- 32 000 m2 d’espaces verts
- un investissement de 6 millions d’euros