Dans une tribune publiée dans Libération, le maire de Sarcelles Patrick Haddad, vice-président de Ville & Banlieue, invite le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau à venir découvrir dans sa ville l’apport économique et culturel de l’immigration ainsi que la défaillance de l’État, qui se contente de laisser les immigrés et les plus pauvres dans les mêmes quartiers.
Monsieur le ministre,
L’immigration est un sujet éminemment sérieux. Qu’on la considère ou non comme une chance, elle est avant tout un fait historique majeur, une succession de mouvements de population entamée il y a plusieurs siècles et qui ne s’arrêtera pas du jour au lendemain. Si ses causes sont multiples, la principale reste économique : notre pays n’est pas autosuffisant en main-d’œuvre depuis plus de cent ans. Il a vu des travailleurs italiens, polonais, portugais, espagnols, d’Afrique ou d’Asie venir contribuer à son développement. Ces hommes et ces femmes sont arrivés pour travailler sur les chantiers, dans les mines, dans les usines, dans ce que l’on appelle désormais par euphémisme les métiers en tension, souvent les plus pénibles et les moins valorisés, qu’il s’agisse du ceux du BTP, de la restauration, des récoltes agricoles ou de l’aide à domicile. Une nécessité pour nos PME et notre industrie – tous les experts et organisations patronales l’affirment. Une nécessité qui, à l’évidence, a besoin d’être régulée.