Pourquoi ?
Depuis 2015, Miramas a pris un tournant décisif en matière de développement durable en se positionnant comme une ville pionnière sur plusieurs fronts, notamment en matière de réduction des déchets et de lutte contre le gaspillage. À l’heure où les enjeux liés à la sécurité alimentaire, aux impacts environnementaux de l’agriculture, et à la santé publique prennent une importance croissante, la municipalité a fait le choix de l’alimentation durable comme levier de transformation. Ce projet s’inscrit dans une vision globale, celle de garantir aux habitants un accès à une alimentation locale, saine et respectueuse de l’environnement, tout en contribuant à renforcer la résilience alimentaire du territoire. Ce choix stratégique s’explique par la volonté de la ville d’anticiper les futures crises alimentaires potentielles, mais aussi de protéger les ressources locales et d’améliorer la qualité de vie de ses citoyens.
Miramas se distingue par une démarche proactive visant à réintroduire une agriculture de proximité et à soutenir les acteurs locaux dans leur transition vers des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Cela permet non seulement de créer des débouchés économiques pour les producteurs locaux, mais aussi de les intégrer dans une chaîne de valeur qui favorise la juste rémunération et la préservation des savoir-faire. L’objectif est clair : construire un écosystème où l’alimentation devient un vecteur de bien-être pour la population, tout en répondant aux impératifs sociaux et climatiques. La municipalité a ainsi inscrit ses actions dans le cadre des engagements pris via le Pacte de Transition, un ensemble de 23 mesures visant à transformer profondément les pratiques locales en matière d’écologie et de solidarité.
Par ailleurs, l’accent est mis sur l’éducation des plus jeunes et la sensibilisation des citoyens. Le bien-manger devient une priorité éducative dans les écoles, où les potagers pédagogiques et les ateliers sur le gaspillage alimentaire enseignent aux enfants l’importance de l’équilibre alimentaire et du respect de l’environnement. Le projet d’un territoire nourricier va ainsi bien au-delà de la simple production alimentaire : il s’agit de créer une véritable culture locale de l’alimentation durable qui intègre des dimensions sociales, environnementales et éducatives. Cette démarche s’inscrit dans une vision à long terme de la transition écologique, qui vise à préparer la ville aux défis de demain, en assurant à tous un accès équitable à des produits alimentaires de qualité tout en respectant l’environnement.
Comment ?
La mise en œuvre de ce projet de territoire nourricier repose sur une approche globale et multi-acteurs, qui conjugue actions concrètes, partenariats institutionnels et participation citoyenne. L’une des initiatives les plus emblématiques est la création de l’Unité de Préparation Culinaire (UPC), un projet structurant mutualisé avec la commune de Saint-Chamas. Cette unité, qui sera capable de produire et livrer quotidiennement 2 800 repas à base de produits locaux et bio, constitue le cœur du système alimentaire local. Elle est conçue non seulement pour approvisionner les cantines scolaires, les crèches, et les foyers pour personnes âgées, mais aussi pour lutter contre le gaspillage alimentaire à travers la surgélation des surplus, la transformation des produits, et l’intégration des invendus dans les circuits de distribution.
Ce projet va bien au-delà d’une simple cuisine centrale. L’UPC est un modèle d’innovation où la production alimentaire est pensée dans une logique d’économie circulaire et de développement durable. Dotée d’ateliers de pâtisserie, boucherie, surgélation et conserverie, elle permet non seulement de cuisiner sur place des repas équilibrés, mais aussi de créer des débouchés pour les producteurs locaux. Des terres comme celles de la ferme Saint-Désiré, anciennement sous-exploitées, sont réhabilitées pour accueillir de nouveaux agriculteurs, permettant ainsi d’accroître la production agricole locale tout en respectant des pratiques agroécologiques. Cette démarche favorise les circuits courts et la consommation de produits bio, contribuant à renforcer la souveraineté alimentaire de la région.
En parallèle, la ville de Miramas a investi dans des infrastructures vertes, comme les potagers pédagogiques et les jardins partagés, qui permettent aux habitants de cultiver leurs propres légumes tout en apprenant les principes de l’agriculture durable. Cette dimension éducative est renforcée par des actions de sensibilisation dans les écoles, où des programmes sur le tri des biodéchets et la lutte contre le gaspillage alimentaire sont déjà en place. La ville mise également sur la formation professionnelle en intégrant à l’UPC une cuisine pédagogique destinée à former les futurs acteurs de la restauration collective, tout en valorisant les métiers liés à l’agriculture biologique et à l’approvisionnement en circuits courts.
Enfin, la municipalité s’appuie sur un réseau d’associations et de citoyens engagés qui participent activement à la mise en œuvre de ce projet. Grâce à cette synergie, Miramas est devenue un laboratoire d’innovation en matière d’alimentation durable. Ce modèle local pourrait servir de référence pour d’autres collectivités désireuses de développer des politiques alimentaires responsables, en conciliant développement économique local, protection de l’environnement, et bien-être social.
Quel bilan ?
Bien que le projet soit encore en cours de déploiement, les premiers résultats sont prometteurs. Miramas a déjà réussi à poser les fondations d’un véritable territoire nourricier. La mise en culture des terres agricoles communales progresse, avec l’augmentation du nombre de jardins familiaux et l’installation de nouveaux agriculteurs sur le foncier disponible. L’UPC, dont la construction commencera en 2025, s’annonce comme un projet innovant et unique en France, capable de répondre à la demande croissante en repas bio et locaux pour les collectivités et les habitants. Grâce à une gestion mutualisée entre les communes, cette unité de production offrira des repas de qualité tout en soutenant les agriculteurs et producteurs locaux par la création de débouchés stables et durables.
Le projet permet également de renforcer la sensibilisation à l’alimentation durable, notamment à travers les actions pédagogiques menées dans les écoles et les espaces publics. À terme, Miramas vise à atteindre un modèle de territoire zéro déchet, avec des actions concrètes comme la valorisation des biodéchets via le compostage local et l’usage de contenants réutilisables dans les cantines. Enfin, la ville souhaite que ces initiatives servent d’exemple pour d’autres collectivités, prouvant qu’il est possible de concilier croissance, santé publique et respect de l’environnement.
L’interview de Frédéric Vigouroux, maire de Miramas
Pourquoi avez-vous décidé de faire de l’alimentation durable une priorité pour Miramas ?
Cette décision s’inscrit dans une double logique. D’abord, il y a un enjeu majeur de santé publique. Nous savons que la qualité de la nourriture joue un rôle central, notamment en lien avec les pesticides et autres substances nocives. Ensuite, la ville est engagée dans le développement durable depuis longtemps, que ce soit à travers nos outils d’urbanisme ou nos actions en faveur de l’agriculture biologique. C’était donc naturel de relier ces deux axes en créant un projet d’alimentation durable pour Miramas, en particulier pour nos enfants, dans une ville comme la nôtre, où une grande partie de la population vit dans des quartiers prioritaires. L’objectif est de proposer des repas 100 % bio et sans pesticides pour tous. Nous avons même monté ce projet en collaboration avec Saint-Chamas pour une unité de production partagée.
Pouvez-vous nous parler de la remise en culture des terres communales ?
Effectivement, nous avons remis en culture plusieurs hectares de terres communales, notamment avec la réhabilitation de la ferme Saint-Désiré. L’idée est de faire revivre ces terres en y installant de jeunes agriculteurs, en lien avec la Chambre d’Agriculture. Nous leur garantissons non seulement un prix juste, mais aussi un volume d’achat sécurisé, grâce aux repas que nous produisons chaque jour, environ 2800 repas par jour. Ce modèle permet aux agriculteurs de travailler dans des conditions plus stables et de s’affranchir des fluctuations de marché liées aux intermédiaires.
Comment sélectionnez-vous les agriculteurs ?
Nous travaillons avec la Chambre d’Agriculture ainsi que diverses associations, notamment “Un Plus Bio”, pour sélectionner les jeunes agriculteurs. Nous veillons à ce que chaque exploitation soit viable économiquement et respectueuse des pratiques agroécologiques. Nous mettons également les terres communales à leur disposition sur le long terme pour qu’ils puissent s’installer durablement et produire des aliments de qualité.
L’Unité de Préparation Culinaire (UPC) semble jouer un rôle central dans ce projet. Pouvez-vous nous en dire plus ?
L’UPC est effectivement au cœur du projet. C’est une cuisine centralisée qui va préparer tous les repas pour nos écoles, crèches et centres aérés, mais aussi pour les foyers de personnes âgées. Ce sera une unité 100 % bio, avec tous les ateliers nécessaires : pâtisserie, boucherie, légumerie, et même des installations pour la surgélation et la conservation. Nous voulons également éviter les produits industriels, diversifier les sources de protéines et respecter les saisons. Ce projet inclut aussi une dimension pédagogique, avec des formations aux métiers de la restauration collective, et des actions pour réapprendre à consommer local et de saison.
Comment gérez-vous les aspects financiers de ce projet ambitieux ?
Le coût est effectivement un élément central dans ce type de projet, surtout dans un contexte de restrictions budgétaires pour les communes. Nous avons fait le choix politique d’investir dans cette alimentation de qualité, car nous estimons que c’est l’un des facteurs discriminants les plus importants aujourd’hui. Nous avons établi des modèles économiques précis pour évaluer le coût par repas, et nous faisons des simulations régulières pour garantir l’équilibre financier. En parallèle, nous travaillons à maîtriser les coûts énergétiques de l’UPC, en nous tournant vers des solutions durables, comme l’énergie verte.
Y a-t-il eu des oppositions locales au projet ?
Sur l’alimentation, les Français sont plutôt consensuels. Nous n’avons rencontré que peu d’opposition. Le projet a été largement concerté avec les écoles, la Chambre d’Agriculture, les agriculteurs locaux et les professionnels de la santé. La seule vraie question qui revient régulièrement, c’est celle des coûts de fonctionnement, surtout en période de restrictions budgétaires. Mais pour nous, il est essentiel que tous les enfants de la ville aient accès à des repas de qualité, peu importe leur quartier.
Quels sont les indicateurs de réussite que vous envisagez pour ce projet ?
Nous avons déjà mis en place des modèles économiques qui nous permettent d’évaluer le prix par repas, et nous suivrons évidemment des indicateurs de qualité des repas, de sécurité alimentaire et de respect des normes sanitaires. Mais nous allons aussi suivre de près l’impact sur les agriculteurs, en analysant la qualité des productions et les retours sur l’exploitation des terres. Enfin, nous évaluerons le succès pédagogique en suivant les résultats des actions menées dans les écoles, notamment sur la réduction du gaspillage alimentaire.
Quelles sont vos ambitions à long terme pour ce projet et pour l’alimentation durable à Miramas ?
Ce projet de territoire nourricier est déjà très ambitieux, mais nous souhaitons aller plus loin en intégrant d’autres initiatives liées au zéro déchet, au gaspillage alimentaire et à la gestion responsable des ressources. Nous travaillons aussi sur la désimperméabilisation des cours d’école, la création de potagers pédagogiques, et des projets de sensibilisation à l’économie circulaire. L’objectif à long terme est de faire de Miramas un modèle de durabilité alimentaire, en soutenant les producteurs locaux et en créant un environnement où chacun peut accéder à une alimentation saine et respectueuse de l’environnement.
- Nom : Miramas
- Département : Bouches-du-Rhône
- Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur
- Population : 26 405 habitants
- Maire : Frédéric Vigouroux
- Site internet : Site de la ville
- 400 hectares de terres agricoles sont sous propriété communale à Miramas
- Remise en culture de 20 hectares de terres à la ferme Saint-Désiré
- 2800 repas seront préparés chaque jour par l’UPC
- 7,4 millions d’euros HT, coût total prévisionnel pour la construction et l’équipement de l’UPC
- Récupération de 1200 kg de biodéchets par mois pour le compostage
- Objectif de 100 % bio pour les repas fournis, avec des approvisionnements locaux et de saison