C’est à l’Assemblée Nationale que les maires de Ville et Banlieue avaient convié la presse ce jeudi 8 mars, pour présenter leurs 120 propositions pour un engagement national pour les quartiers.
[dropcap type= »circle » color= »#fff » background= »#F1B521″]D[/dropcap]énonçant le silence assourdissant des candidats à la présidentielle sur les banlieues, Renaud Gauquelin, président de l’Association, a voulu rappelé que 30 ans de politique de la ville, 30 ans d’une histoire des banlieues émaillée d’émeutes, 30 ans d’existence de Ville et Banlieue, c’était « 30 ans de trop« . « L’histoire des banlieues, a-t-il déploré, c’est l’histoire d’un abandon« .Les élus ont voulu rappeler la crise sociale et humaine indigne qui frappe nos quartiers, où 1 habitant sur 3 vit sous le seuil de pauvreté, près d’1 jeune homme sur 2 est au chômage, et où 1 habitant sur 3 a renoncé à des soins pour des raisons financières.
Martelant que les banlieues étaient un « enjeu de cohésion nationale« , Renaud Gauquelin a réaffirmé que « parler de l’avenir de la France, c’est parler des banlieues« .[quote align= »center » color= »#4491C7″] »Parler de l’avenir de la France, c’est parler des banlieues« [/quote]
Claude Dilain, sénateur et ancien président de l’association, a défendu la création d’un ministère d’Etat à l’Egalité des territoires et à la Cohésion sociale, afin de « remobiliser le droit commun dans ces quartiers et faire ainsi reconnaître l’urgence de la situation dans les banlieues ». Il a également appelé à une rénovation des outils de la politique de la ville, en prônant un contrat unique sur un périmètre unique, et en réclamant de la durée pour une meilleure visibilité et efficacité dans les dispositifs comme dans les financements. Il a également insisté sur la formation de nos cadres dirigeants, pour les sensibiliser à la problématique des quartiers. Une meilleure formation des acteurs de la politique de la ville (enseignants, policiers, médecins…) est de manière générale appelée de leurs voeux par les élus de Ville et Banlieue.
Stéphane Beaudet, maire de Courcouronnes, a, pour sa part, appelé à un projet ambitieux pour l’éducation dans notre pays, afin que chaque jeune puisse se construire sa propre réussite. Il a décliné les propositions de l’association dans ce domaine: se concentrer sur la petite enfance, la maternelle et la primaire, moments-clé pour l’intégration; instaurer une véritable politique de la langue française, parce qu’il est « nécessaire d’apprendre mieux et plus tôt« ; expérimenter la rénovation pédagogique dans les établissements scolaires de banlieue. En matière de sécurité et de justice, il s’est dit favorable à un pacte national entre l’Etat et les collectivités, qui permette notamment de redéfinir les missions entre polices nationale et municipale. [quote align= »center » color= »#4491C7″]Un débat national entre les banlieues et les médias pour responsabiliser ces derniers, et une dissociation entre sécurité et jeunesse[/quote] Il a ensuite souri aux journalistes en appelant à leur responsabilisation dans leur évocation des banlieues, et en souhaitant un débat national sur cette question. Il a enfin demandé de dissocier clairement sécurité et jeunesse, car « l’insécurité ne relève pas avant tout de la jeunesse, mais des violences conjugales, des cambriolages, de l’insécurité routière,…« .
François Pupponi, député maire de Sarcelles, a présenté la problématique fondamentale de l’emploi, souhaitant un meilleur accompagnement des habitants et spécifiquement des jeunes, en matière de formation, de logement, de permis de conduire,…car « les entreprises que nous avons rencontré ont besoin d’être sécurisées sur ce point précis« . Il a soutenu la création d’emplois francs, pour désenclaver ces quartiers par l’emploi et a milité pour des clauses d’insertion généralisées. Il s’est ensuite attaché à présenter les propositions pour une solidarité financière accrue, en appelant de ses voeux un pacte financier entre l’Etat et les collectivités sur la mandature à venir, en proposant de doubler le montant de la péréquation en 10 ans (Ville et Banlieue est la seule à avoir chiffrer les besoins en la matière), en prônant la création d’un SMIC communal, pour que « chaque commune dans ce pays ait un minimum pour conduire ses politiques« , et en intégrant la dimension revenu dans la taxe d’habitation.
Catherine Arenou, 1ère vice-présidente de l’association et maire de Chanteloup-les-Vignes, s’est préoccupée de « l’alerte sanitaire en banlieue« , appelant à « plus de professionnels et plus de professionnels formés« . [quote align= »center » color= »#4491C7″]Les banlieues sont en alerte sanitaire, ce qui nécessite plus de professionnels et plus de professionnels formés dans ces quartiers[/quote]Elle a réclamé des stages obligatoires en formation initiale, dans les déserts médicaux et notamment les quartiers populaires, ainsi qu’une attention particulière à la santé mentale et des moyens renforcés sur le dépistage et l’accompagnement dans la grossesse.
Jean-Yves Le Bouillonnec, député maire de Cachan, a évoqué les mesures nombreuses de l’association pour le logement, rappelant que cette dernière s’est engagée auprès de la Fondation Abbé Pierre dans sa mobilisation générale. Il a préconisé une amende pour manquement à l’article 55 de la loi SRU équivalente au coût constaté de production d’un logement sur le territoire, pour « passer une nouvelle étape dans l’application de la loi« . Dénonçant le manque de solidarité de ces « communes hors-la-loi« , il a proposé d’affecter le produit de ces amendes aux maires qui eux construisent.[quote align= »center » color= »#4491C7″]Pour les communes hors-la-loi, une amende SRU équivalente au coût de production d’un logement constaté sur le territoire[/quote]. Il a rappelé la revendication de l’association sur le DALO: interdire l’application de ce dernier en ZUS, sauf avis contraire du maire. Et Claude Dilain s’est prononcé pour une véritable prise en compte des copropriétés dégradées, qui seraient environ 800 000 aujourd’hui dans notre pays.
Sur la citoyenneté et la laïcité, Christophe Girard, adjoint au maire de St Denis, a milité pour que les habitants soient réellement co-producteurs de leur ville. Il a défendu la création d’un observatoire et d’un médiateur de la laïcité, pour « mieux accompagner les maires dans ces situations où ils se sentent démunis« . Il a aussi indiqué la volonté de voir inscrit dans les programmes scolaires l’apprentissage de l’altérité, par ceux de la laïcité, des religions et de la diversité des cultures.[quote align= »center » color= »#4491C7″]Pour intégrer, il faut inscrire la laïcité, les religions et la diversité des cultures dans les programmes scolaires[/quote]Il s’est enfin prononcé pour l’inscription dans la loi d’un droit à l’image pour les communes.
Damien Carême, secrétaire général de l’association et maire de Grande-Synthe, a décliné les propositions sur le développement durable, indiquant que « les villes de banlieue, notamment au travers de leur PRU, sont exemplaires en la matière et des laboratoires pour notre société« . Il a insisté sur la nécessité de lutter contre la précarité énergétique, de mieux articuler les futurs contrats avec les agendas 21, et de développer des formations d’excellence pour les jeunes de nos quartiers, en matière d’éco-construction, d’énergies renouvelables…
Enfin, Gilles Leproust, maire d’Allonnes et Catherine Arenou ont précisé les mesures pour le sport et la culture, prônant dans les deux domaines l’implantation de futurs grands équipements dans les quartiers populaires, et appelant même, en ce qui concerne la culture, à une décentralisation des institutions officielles. Pour le sport, Gilles Leproust, qui accueillera les 22 et 23 mars prochain deux journées spécifiques de l’association sur cette question dans sa commune, a appelé à une meilleure formation et valorisation des métiers dans ce domaine, en créant une université du sport dans une ville de banlieue. Il a également porté une attention particulière à la pratique sportive féminine, « essentielle à rappeler en cette journée de la femme« . Pour la culture, Catherine Arenou a souhaité que soient mieux associés les artistes dans les politiques culturelles locales et que soient crées dans les futurs PRU des fonds d’initiative locale pour laisser une expression artistique libre aux habitants.
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