3 questions à Judith Boitard, directrice du service Politique de la Ville
Pourquoi avez-vous décidé d’adhérer à Ville & Banlieue ?
Dans cette période transitoire d’élaboration des futurs contrats de ville, il a semblé important à notre intercommunalité, de s’inscrire dans un réseau de villes et d’intercos pour mieux faire entendre notre voix.
Quelles sont les spécificités de votre territoire ?
Le Mans Métropole compte en 2022, 19 communes. Il existe 5 QPV sur 3 communes : Allonnes, Coulaines et Le Mans. Avec 26 951 habitants en 2021, la population de ces quartiers a augmenté de 2.5% par rapport à 2015. Ils représentent 13% de la population totale de Le Mans Métropole. Classiquement, au-delà des spécificités selon les quartiers, ceux-ci sont caractéristiques de par leur situation économique et sociale avec en moyenne un revenu médian de 1063€/mois, un fort taux de chômage, 90% de logements sociaux. Pour les villes d’Allonnes et de Coulaines, le périmètre des QPV et leur situation géographique, en centre-ville en font un enjeu particulier. Quant au Mans, la ville accueille le quartier des Sablons qui est le second quartier le plus peuplé de la région avec 10 229 habitants.
Pouvez-vous présenter un projet innovant que vous avez mis en place dans votre collectivité sur un sujet lié à la question des banlieues ou de la politique de la ville ?
En 2022, sur le territoire de Le Mans Métropole, la Politique de la ville a été à l’initiative, entre autres, de l’organisation de deux moments forts invitant les professionnels de formation initiale et de cultures différentes, œuvrant dans des structures et organisations diverses (collectivités territoriales et secteur associatif), sur les QPV, à échanger, se former. Car ils ont un point commun : une mission commune de repérage, de prévention, voire d’accompagnement des situations de vulnérabilité.
Ainsi, deux sujets ont été mis en avant :
Le premier fait suite aux équipes mobiles pluridisciplinaires déployées sur les QPV dans la période de post-confinement de 2020. Il s’agissait de prendre ou reprendre contact avec les habitants, être à leur écoute dans cette période complexe.
Un besoin de formation et de culture commune avait émergé afin de mieux réaliser ce type d’actions d’aller vers qui se sont fortement développées et cela dans beaucoup de domaine.
Une formation a donc été proposée dont les objectifs étaient d’acquérir une culture commune dans la pratique de l’« Aller vers » (éthique, déontologie…), d’encadrer les enjeux de la démarche et de permettre aux professionnels de monter en compétence dans les techniques d’approche en direction du public pas ou peu demandeur d’aide. Cette formation a concerné près de 70 personnes.
Le second relève de la question prégnante dans nos quartiers de l’interculturalité. En effet, la diversité des cultures des habitants du territoire appelle les professionnels à s’interroger autour de cette notion. Prendre en compte les différents codes culturels et linguistiques permet de faciliter la communication entre habitants et professionnels et ainsi, de mieux accompagner les publics.
Correspondant à une véritable attente, le colloque « Bien grandir en situation d’interculturalité » s’est déroulé les 15 et 16 novembre 2022 devant une centaine de personnes (services de l’État, bailleurs sociaux, collectivités, associations, Éducation nationale). Des intervenants pointus (pédopsychiatres, anthropologues, psychologues…) ont apporté un éclairage autour des enjeux sociaux et familiaux liés aux parcours migratoires. Ont également été proposés des ateliers de réflexion collective autour de la petite enfance, des relations école-famille ou encore de l’accès aux loisirs hors temps scolaire.
Des formations spécifiques en découleront.