La question « des quartiers », qui vivent un recul des mixités, une montée des communautarismes et le rejet des institutions, n’est pas évoquée durant cette campagne présidentielle, regrettent Valérie Gernigon, élue locale à Montpellier, et Christophe Gernigon, universitaire, dans une tribune.
Tribune. Le pitoyable rappel à la rescousse d’une marque de nettoyeurs à haute pression bien connue masque difficilement le vide sidéral qui entoure la question dite « des quartiers » dans cette campagne électorale. Le citoyen-électeur est pourtant loin d’être insensible à l’accentuation des fléaux qui a accompagné la ghettoïsation suburbaine : recul des mixités, échec scolaire, chômage, paupérisation, trafics en tout genre, communautarismes, incivilités, violences, rejet des institutions, etc.
Les ghettos suburbains ont mis soixante ans à se construire tels que nous les connaissons, poussés par la conjugaison complexe de forces spontanées telles que le rejet de l’autre différent et l’inclination au regroupement avec ses semblables, et de choix urbanistiques au mieux complaisants à l’égard de ces forces auto-organisatrices, au pire sciemment amplificateurs de celles-ci. Si défaire ces ghettos peut prendre autant de temps, il faudra bien commencer un jour, sauf à considérer avec résignation qu’il s’agit là de pure utopie ou à reporter le chantier sur les générations futures.