Le 5 mars 2013, le Conseil Municipal de la ville d’Échirolles a validé les grands principes du pré-projet de renouvellement urbain du quartier Essarts-Surieux. La mise en place d’une stratégie de concertation pertinente et novatrice a permis aux habitants de participer activement aux différentes phases de réflexion, et de répondre concrètement à la question cruciale : quelle place donner à la parole des habitants ?
Pourquoi ?
La concertation comme expression de la nécessité de « faire ensemble » a été placée au cœur des réflexions, et ce dès le départ. Ce projet a été pensé en termes d’aménagement environnemental, social et urbain. Dans cet esprit, il était essentiel que les habitants du quartier puissent prendre part aux échanges et être informés de l’évolution du projet.
L’expérience montre qu’il y a souvent une difficulté d’appropriation de la concertation par les habitants. Il s’agissait alors de multiplier les formes et les supports de co-construction pour favoriser cette appropriation.
Comment ?
La stratégie de concertation a été déclinée en quatre phases :
- Phase 1 : partage du diagnostic et concertation sur la stratégie du projet
- Phase 2 : co-construction du projet
- Phase 3 : suivi des travaux
- Phase 4 : suivi de la vie du quartier et évaluation
Réunions publiques, visites de quartier, ateliers de travail, rencontres dans les écoles, tous les habitants du quartier, petits et grands, ont pu s’informer et participer à la première phase de concertation. La création d’outils de sensibilisation ludiques, et l’utilisation de méthodes innovantes comme celle de la « carte mentale » pour répondre aux problématiques posées par le projet ont permis de faire émerger de nombreuses propositions.
Le printemps de la concertation, avec ses ateliers thématiques a donné le la de la phase de co-construction du projet. De ce processus ouvert et accessible, est né un cahier de préconisations des habitants, qui rassemble les remarques et souhaits exprimés, et qui a été remis en juin 2015 au bureau d’étude en charge de l’opération.
Aujourd’hui, le conseil citoyen Essarts-Surieux composé de 15 membres, est devenu l’interlocuteur privilégié de la Ville sur le projet.
Quel bilan ?
La parole des habitants est une clef qui permet d’appréhender le territoire autrement. L’expertise d’usage est le pendant nécessaire à l’expertise technique. Le processus mis en place pour la concertation autour du projet Essarts-Surieux a permis de la recueillir et de la traiter à sa juste valeur.
La participation des habitants suscite une vraie adhésion, mais aussi une grande attente. La réflexion sur la méthodologie de travail pour la suite de la concertation est en cours. Elle reste au cœur des préoccupations de la municipalité.
Le projet en photos
L’interview de Renzo Sulli, Maire d’Échirolles, Vice-président de Grenoble-Alpes Métropole
« Nous privilégions une démarche inclusive »
En décembre 2014, le quartier Essarts-Surieux a été officiellement retenu au titre du renouvellement urbain. Avec les habitant-es, vous co-construisiez déjà le projet depuis de nombreux mois. Ce processus en amont a-t-il réellement transformé le projet ?
Renzo Sulli : Nous avons bien conscience que le temps des institutions et partenaires en charge du projet n’est pas nécessairement celui des habitant-es : c’est pourquoi nous avons – comme nous l’avions déjà fait au Village 2 lors de la précédente démarche de renouvellement urbain – voulu mettre en place à Échirolles un véritable processus qui permet aux habitant-es de trouver leur place. Cela fait près de deux ans que nous concertons les habitant-es sur les transformations envisageables dans le cadre d’un projet partagé de renouvellement urbain et social. Nous avons ainsi organisé en mars et avril 2015 un « printemps de la concertation » avec des ateliers sur la vie sociale, l’aménagement urbain, la vie sociale, l’action éducative, culturelle, le développement économique, c’est-à-dire toutes les dimensions du projet. Nous sommes très attentifs à ne pas réduire ce projet à sa seule dimension urbaine et à fabriquer un vrai projet partagé, dans lequel nous donnons à comprendre la richesse du processus mais aussi sa complexité. Nous travaillons, de ce point de vue, dans la transparence des informations et la richesse d’une démarche inclusive qui doit mobiliser tous les acteurs du quartier : équipements, services, associations locales… Dans notre phasage, le projet tel qu’il existe aujourd’hui pourra encore être infléchi et amendé…
Vous avez développé une réflexion spécifique concernant le public jeune. Pourquoi ? Et comment l’avez vous mise en œuvre ?
R.S : Les jeunes sont l’avenir de notre pays, c’est une évidence que de le dire. Beaucoup des dimensions liées à ce projet urbain, social et environnemental les concernent au premier chef comme l’amélioration de l’accès à l’emploi, le soutien aux initiatives individuelles et collectives ou la création de liens, grâce à la culture. Ce sont des aspects très importants pour les jeunes. C’est en ce sens que nous travaillons à créer les conditions de mieux les associer, de les rendre acteurs/trices de ce projet en recherchant des formes de participation – comme les micro-projets – qui les touchent au plus près. Plusieurs axes de travail portent sur l’autonomie, la réussite éducative, l’émancipation sociale et économique…
Le quartier Essarts-Surieux est pensé comme un « écoquartier ». Comment l’entendez-vous ?
R.S : Pour Essarts-Surieux, nous voulons effectivement aller vers un véritable “écoquartier”, visant la performance énergétique des bâtiments par un programme de réhabilitation ambitieux, des logements de qualité, des déplacements doux, une optimisation de la gestion des déchets… mais aussi des espaces publics rénovés. À travers ce projet partagé remis fin 2016 à l’ANRU, nous privilégierons les dimensions urbaines et environnementales, d’insertion, d’emploi, de soutien accordé aux initiatives citoyennes.
À Échirolles, le développement durable est intégré à toutes nos politiques publiques — transition énergétique, aménagement urbain, préservation de l’environnement, mobilités. Nous voulons agir dans tous les domaines, qu’il s’agisse de l’éducation au développement durable, de la gestion sans produits chimiques de nos espaces verts, de la réduction de 27 % des consommations énergétiques du patrimoine bâti, ou du travail auprès de la Métro sur le développement des pistes cyclables, de la place des transports en commun. La prise en compte du développement durable dans l’aménagement urbain est, à Échirolles, une préoccupation de longue date.
Notre projet de ville tend historiquement vers une ville post-carbone, économe en espace et en énergie, soucieuse de préserver les ressources et d’offrir un cadre de vie de qualité.
L’aménagement de la ZAC Centre 2, la construction de l’hôtel de ville en haute qualité environnementale ou de l’école Françoise-Dolto, celle du square du Champ de la Rousse sont, à ce titre, souvent cités en exemple. De nombreuses distinctions sont venus reconnaître cette expérience, qu’il s’agisse de la labellisation Agenda 21 local, des Rubans du développement durable ou des Victoires du paysage pour le Champ-de-la-Rousse.
En juin 2015, le cahier de préconisations des habitant-es a été remis au bureau d’étude en charge du projet, au terme des deux premières phases de concertation. Comment va-t-il être utilisé ?
R.S : C’est un outil important, signe de notre volonté que les habitant-es prennent leur place tout au long de cette démarche. Le conseil citoyen jouera de ce point de vue un rôle important. Ce cahier des préconisations recense un certain nombre de recommandations et de souhaits dans tous les domaines. C’est un socle pour le projet final que nous devons co-élaborer.
Quelles sont les prochaines étapes de la concertation ?
R.S : La concertation irrigue toutes les étapes du projet. Nous venons d’organiser un séminaire de travail avec élu-es, services, habitant-es. Nous allons mettre en place des groupes de travail, des rencontres de quartier, des moments informels au pied des immeubles en vue de pré-Assises à Échirolles et Grenoble, et d’ un temps citoyen d’importance à l’horizon de l’été. C’est un projet que nous envisageons participation comprise !
- Commune : Échirolles
- Département : Isère (38)
- Région : Auvergne-Rhône-Alpes
- Population : 35 684 habitants
- Maire : Renzo Sulli (PCF)
- Site internet : www.ville-echirolles.fr
- 19 membres du conseil citoyen
- 5 journées d’échanges au moment du printemps de la concertation
- 1 cahier de préconisations des habitants