Ils avaient suscité beaucoup de perplexité, notamment parmi les élus locaux. Un rapport remis le 5 avril dernier à Patrick Kanner fait le point sur leur entrée en fonction. Éclairant.
Le principal défi : « sortir des logiques de segmentation »
Si le constat de leur coordinatrice nationale, Sylvie Feucher, se veut positif et optimiste, le rapport insiste sur le fait que l’action publique locale reste trop cloisonnée, entre l’action de l’État et celle des collectivités, mais aussi pour les thématiques traitées dans les QPV. Dans ces conditions, l’action transversale, coordonnée et cohérente des différents acteurs reste un objectif…
Et les délégués du gouvernement sont intervenus très souvent pour « mettre en lien », assurer cette indispensable coordination, pousser à l’évaluation transversale de l’action publique.
Éducation, emploi : « Il manque un chef de projet dédié »
Sur ces sujets, tout se passe comme si chacun des acteurs n’avait en vue que sa propre mission, oubliant l’objectif commun et les rôles respectifs des uns et des autres. L’on continue trop souvent de fonctionner en silo, chacun dans son cadre hiérarchique… au lieu de chercher à construire des task-forces opérationnelles fonctionnant dans un cadre d’action concerté, sous la houlette d’un chef de projet unique. Compte tenu de leur positionnement et de la durée de leur mission, il est probable que les délégués du gouvernement auront davantage contribué à pointer les dysfonctionnements qu’à les résoudre.
La nécessité d’un « positionnement plus clair dans la chaîne hiérarchique »
Selon le rapport d’étude et pour la coordinatrice nationale, les délégués du préfet sont limités dans leur action par deux types de difficultés : d’une part par la multiplicité de leurs responsabilités thématiques -éducation, jeunesse, emploi, santé, prévention de la radicalisation et gouvernance-, d’autre part, par le manque de clarté de leur positionnement dans l’organisation hiérarchique. D’où l’idée de confier les différentes thématiques à des délégués différents sur le même territoire, et de rechercher, thématique par thématique, le positionnement leur permettant d’agir en véritable « chef de projet social ».
Mais cette responsabilité re-partagée ne risque-t-elle pas précisément d’accroître encore le cloisonnement ?
(1) Quartiers situés à Mantes-la-Jolie (Yvelines), Mulhouse (Haut-Rhin), Roubaix-Tourcoing (Nord), Amiens (Somme), Vénissieux et Saint-Fons (Rhône), Grigny (Essonne), Marseille (Bouches-du- Rhône), Aulnay-Sevran (Seine- Saint-Denis), Avignon (Vaucluse), Toulouse (Haute-Garonne), Cayenne et Kourou (Guyane), Trappes (Yvelines).
Pour aller plus loin :
– Caisse des dépôts / Actualités Localtis – du 13 avril 2017
– Le rapport sur le site du CGET