Contrepied « L’envers de la fraude sociale »

Dans le dictionnaire des idées reçues contemporaines, qui dit « indemnités chômage », « prestations » et « aides sociales » dit aussi « abus » ou « fraude ». Pour certains, le recours indu aux différents types d’assurance sociale serait massif… Au point de jeter le soupçon sur l’ensemble des pauvres, accusés de se complaire dans l’assistanat et sur l’ensemble de la protection sociale, accusée d’entretenir ce mauvais penchant.

À travers une étude sur le RSA et dans un article récemment publié par Libération, l’universitaire Elvire Bornand explore et révèle pourtant un continent oublié : celui du « non-recours », c’est-à-dire des aides non réclamées. De tous les ayants-droit qui ne demandent rien. Un phénomène, lui aussi massif, qui devrait nous rendre tous plus prudents avec la caricature sociale.

Au fondement de cette étude, un chiffre étonnant : 5 milliards d’euros. Le montant, révélé par l’Observatoire des non-recours aux droits et services (ODENORE), du RSA non versé chaque année à ceux qui pourraient légitimement en bénéficier.
Mais qui sont donc ces « non-réclamants » ? Plus qu’une catégorie particulière, ils forment un public très divers, cohorte bigarrée de « tous ceux qui ne s’y résolvent pas ».
Et pour quelles raisons agissent-ils ainsi ? Par ignorance quelquefois, plus souvent par fierté et par pudeur, et sous l’effet de craintes multiples devant la machinerie administrative.
Pourtant, le non-recours constitue un coût potentiellement plus important qu’une économie pour l’administration qui apprend lentement à combattre le phénomène : en allant au-devant des publics concernés, en inventant ici et là à leur intention, différentes formes de « guichet unique ».

À lire :
http://www.liberation.fr/debats