La banlieue n’a été évoquée cette semaine ni par le président Macron ni par son Premier ministre. Pour Philippe Rio, le maire PC de Grigny (Essonne), c’est inacceptable. Il vient d’écrire au chef de l’État pour lui dire que les quartiers populaires ont besoin d’actes forts et d’aides financières.
Le maire communiste de Grigny, Philippe Rio est déçu, inquiet et en colère. Il a bien écouté les discours du président Macron lundi et celui de son Premier ministre Edouard Philippe mardi. Et il a constaté que ni l’un ni l’autre n’avaient parlé de la banlieue, ces quartiers populaires où vivent cinq millions d’habitants. C’est ce qui l’a poussé à écrire au chef de l’État.
« La pauvreté à perpète on en a marre », dit Philippe Rio. « On en a marre de refaire de la pédagogie, de rapport en rapport, tout le monde connait la situation. Donc soit on résout le problème dans ce pays et on dit la République elle est partout et il n’y a pas d’apartheid territorial et social, soit on fait le choix politique de ne pas résoudre ce problème« . Pour le maire l’enjeu c’est de faire de ce territoire, où il n’y a que 25% des gamins qui vont au Bac contre 80% à l’échelle nationale, se raccroche à la République. Pour cela, il faut des moyens, dit-il et « ça nous coûtera beaucoup moins cher financièrement que collectivement, politiquement et judiciairement« .
Les quartiers populaires ont besoin d’actes forts
Grigny est le parfait exemple d’une ville populaire qui manque de moyens. Le maire rappelle que sa ville est l’une des communes les plus pauvres mais aussi les plus jeunes de France. Comment faire face, dit-il, par exemple à la surcharge scolaire de sa ville. Grigny scolarise deux fois plus d’enfants qu’une ville de la même taille. Le maire souhaiterait que cette réalité soit prise en compte dans le calcul des dotations de l’État aux collectivités locales. Il demande que ces dotations soient réévaluées de 10% chaque année durant cinq ans pour Grigny.
L’apartheid social, ça suffit
A Grigny, l’apartheid social dure depuis plus de 40 ans. Il faut que cela cesse estime le maire, Philippe Rio. Le revenu fiscal moyen de la ville est de 10.000 euros par ménage. Comment faire face, se demande le maire qui exige que les disparités soient compensées. « Il en va de l’un des principes de notre République : l’égalité« , explique Philippe Rio qui envisage se saisir la cour européenne des droits de l’homme s’il n’est pas entendu rapidement.
Article vu sur :
– France Bleu – du 6 juillet 2017. Par Martine Bréson