« De la terre à l’assiette ! » : des initiatives pour promouvoir l’autonomie alimentaire à Lormont

Des tomates bio de qualité

Sous l’impulsion du Grand Projet des Villes Rive Droite, l’agriculture de proximité se développe dans le tissu urbain à Lormont. Des professionnels, des associatifs, des bailleurs sociaux et même les habitants se prêtent au jeu. Jardins partagés, maraîchages, espaces vides reconçus, ateliers de cuisine…

De fil en aiguille, les promoteurs de l’agriculture écoresponsable et de l’autonomie alimentaire, grâce à des circuits de distribution raccourcis au maximum, investissent Lormont jusque dans ses cuisines.

Pourquoi ?

À Lormont, des initiatives se multiplient afin de promouvoir l’agriculture et l’alimentation locale, grâce à des espaces urbains repensés. Dans le cadre du Projet Alimentaire Territorial de la Rive Droite, la ville de Lormont a accueilli plusieurs projets aux objectifs variés parmi lesquels : dynamiser les quartiers concernés, favoriser l’emploi et surtout l’insertion, promouvoir les produits locaux et bio jusque dans les cantines collectives. 

Le projet permet donc de créer de l’emploi, d’accélérer la transition alimentaire de la restauration collective publique et de sensibiliser les publics à une alimentation saine et durable. Le volet formation et insertion de ce projet prend ainsi tout son sens à Lormont, alors que les cuisines municipales devraient bientôt fournir des établissements de la ville, favorisant de la sorte les circuits très courts. 

Comment ?

Des bailleurs sociaux ont pu mettre à disposition des espaces jusqu’alors inusités. Ainsi, la société Cycloponics a pu concevoir une champignonnière géante, au sein d’un parking transformé en cave agricole à Saint-Hilaire. À l’aide d’une subvention de la Région Nouvelle-Aquitaine et d’un cofinancement de l’Etat via l’appel à projets « Quartiers fertiles », et grâce à l’installation de portes coupe-feu, box et chambres froides ; les salles de cultures permettent à présent la production hebdomadaire de près d’une demi-tonne de champignons de Paris bio. Elle loue le reste de cet espace, pour peu cher, afin de rentabiliser son activité mais aussi de dynamiser le quartier. Ce dernier accueille désormais, grâce à ce projet, des associations, des entreprises et des artisans du coin. Enfin, Cycloponics s’est associée à l’application TooGoodToGo, valorisant ainsi les invendus “à sauver”, disponibles à prix bradé. 

Un autre terrain, le plateau “Grand Tressan”, devrait être bientôt exploité au profit des cantines pour les enfants et les séniors, et des quartiers via les épiceries sociales et solidaires par exemple. Le choix de l’entreprise, les Côteaux Paysages, qui emploie déjà une soixantaine de contrats d’insertion, permet d’inscrire cette production dans cette démarche de justice alimentaire et de promotion de l’emploi local.

La mise en œuvre du volet “lien social” de ce projet a été aussi permise par les centres sociaux de la ville de Lormont qui, se relevant de difficultés de gestion interne, détiennent désormais deux lieux en QPV, permettant la conception de jardins partagés, d’ateliers de cuisine…

Quel bilan ? 

Le bilan s’écrit encore à ce jour, et au cours des prochains mois, on peut espérer : près de quatre hectares exploités à des fins de production diverses sur le territoire de Lormont. Le Projet Alimentaire Territorial a déjà permis, en plus des productions croissantes de la champignonnière, l’embauche de plusieurs personnes, dont certaines en contrats d’insertion. Du côté de Grand Tressan, les prochains recrutements viseront le plus possible à accueillir des femmes dans l’équipe, au moins à hauteur de 50%.  

Le projet en photos

 

 

L’interview de M. Jean Touzeau, maire de Lormont, Théo Champagnat, co-fondateur de Cycloponics et M. Bazot, directeur des Coteaux des Hauts Paysages.

1. Pourriez-vous nous raconter le lancement du projet ?

M. Touzeau : À l’origine du Projet Alimentaire Territorial de la Rive Droite, impliquant Lormont, se trouve la volonté commune d’aspirer à une relative autonomie alimentaire. Ainsi, c’est l’ensemble de la métropole qui travaille à nos côtés au déploiement de ce type de projets. Nous coordonnons donc nos efforts sur ce maillage urbain, puisque nous partageons depuis le départ l’envie de faire vivre le lien précieux entre la nature et le territoire. En fait, pour chaque initiative, nous dégageons de l’espace à partir de certaines structures libres de la ville, qu’il s’agisse de terrains ou parcs dégagés, de tours vides, de sous-sols, de balcons…

M. Champagnat : De notre côté, chez Cycloponics, nous étions déjà implantés à Floirac depuis 3 ans, et cherchions un nouveau site pour nous y développer. J’ai téléphoné à des contacts que j’avais chez Domofrance, lesquels disposaient donc du fameux parking à l’abandon. Celui-ci représente une surface de 3000m2 exploitable pour notre activité sur Lormont, à Saint-Hilaire. 

M. Bazot : Quant à nous, nous étions déjà forts de 35 ans d’expérience dans la structure du paysage et dans l’insertion sur Lormont. Cette relation étroite avec la mairie nous a d’autant plus motivé à répondre à l’appel à manifestation d’intérêt du Grand Projet des Villes Rive Droite (GPV Rive Droite). Ainsi, il y a un an, nous avons été sélectionnés pour prendre en charge des terrains et les mettre en maraîchage bio. Ces trois hectares débloqués nous permettront donc de concevoir de larges potagers, et de continuer notre appui sur l’insertion.

2. Où en sont, en termes de progrès, les différents projets alimentaires portés à Lormont ?

M. Touzeau :  Dans le cadre du projet alimentaire de territoire, nous avons aussi mis en œuvre d’autres opérations de renouvellement urbain, avec en vue, à chaque fois, le développement d’une certaine autonomie alimentaire. Pour ce faire, nous valorisons tous les circuits amenant directement nos produits de la terre à l’assiette. Nous comptons ainsi désormais le jardin participatif l’Oasis, un autre jardin où les seniors de la ville réalisent leurs cultures et apprennent à les cuisiner, un projet d’aquaponie… Un autre centre de cultures participatives, comportant également des ateliers de cuisines, a ouvert à côté du complexe Brassens Camus. Quant aux ateliers, ils permettent de faire valoir le volet éducatif de notre projet de territoire, essentiel pour une cité éducative comme Lormont. Les habitants peuvent ainsi apprendre à cuisiner, à conserver, à créer des produits bio et de qualité, et les activités permettent de créer du lien social dans les quartiers. 

M. Champagnat : Nous n’avons démarré notre activité qu’en novembre 2022, mais nous produisons déjà chaque semaine 500 kilos, en moyenne, de champignons de paris frais et bio. Sur notre superficie totale de 3000m2, la moitié est dédiée à ce projet d’agriculture bio, et nous louons pour peu cher l’autre partie. Ces locaux profitent à des associations, des artisans et à des entreprises aux activités variées : livraison de paniers bio, ressourcerie, stockage… Notre projet participe donc aussi, au-delà la production des champignons, à la dynamisation du quartier. 

M. Bazot : Nous sommes à une étape cruciale de projet puisque nous solutionnons actuellement la question de l’accès à l’eau. Nous avons fait réaliser des études de couches souterraines et nous attendons de savoir quelle quantité d’eau de pluie nous pourrons utiliser. La DDTM devrait ainsi valider notre demande de forage dans les deux mois qui arrivent, ce qui nous aidera alors à déterminer nos rendements potentiels.

3. Quels sont vos objectifs premiers ?

M. Bazot : Au mieux, nous exploiterons prochainement entre 5000 m2 et un hectare de serres. Une partie de notre production serait donc dirigée vers les cuisines municipales, qui elles se chargeront de sa transformation au profit des écoles, du territoire et d’autres bénéficiaires. En termes d’embauches, sur le plateau Grand Tressan, nous prévoyons prochainement l’embauche de 15 personnes en insertion, un maraîcher, un autre encadrant et un accompagnateur socioprofessionnel.

M. Touzeau : Du côté municipal, nous travaillons à la montée en puissance de tous nos dossiers. Sans nécessairement quantifier nos objectifs, nous souhaitons avant toute chose que la population prenne goût à ce type de projets, et s’implique dans le développement de ces projets de jardins, et des circuits courts en général.

 

©Crédit photos : mairie de Lormont

 

Fiche d'identité de la communeLe projet en chiffresPour aller plus loin
  • Nom : Lormont
  • Département : Gironde
  • Région : Nouvelle-Aquitaine
  • Population : 22 913 habitants (en 2020).
  • Maire : Jean Touzeau
  • Site internet : Site de la ville
  • 2021 : Premières actions inscrites dans le cadre du Projet Alimentaire de Territoire Rive Droite, incluant Lormont, Bassens, Cenon et Floirac.
  • Novembre 2022 : Démarrage de la cave agricole Saint-Hilaire par Cycloponics.
  • En moyenne, près d’une demi-tonne de champignons de Paris est produite à Saint Hilaire, chaque semaine.
  • Le plateau Grand Tressan ambitionne d’exploiter entre 5000 m2 et un hectare de cultures.
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