En cette année d’élections européennes, et avant publication des résultats de l’enquête de l’Observatoire de l’Engagement des Jeunes, quel diagnostic livrez-vous sur le rapport des jeunes à l’Europe ?
Premier élément de diagnostic : nos sociétés sont complètement fracturées, qu’il s’agisse de la France ou du Royaume-Uni – avec le Brexit -, et d’autres pays de l’Union européenne. Des pans entiers de la société – y compris les jeunes – ne se sentent pas parties prenantes, portent un regard critique sur la mondialisation, dont ils considèrent que l’Europe est le cheval de Troie. Les institutions européennes, quant à elles, sont observées avec une grande réserve : elles apparaissent très éloignées, et n’intéressent pas particulièrement un certain nombre de citoyens. Par ailleurs, pour les élections européennes de 2014, 75% des jeunes n’avaient pas voté – ce qui est énorme. Face à tous ces éléments, nous avons jugé déjà avec l’Afev, en 2014, qu’il valait le coup de repousser un peu nos ADN respectifs – l’action de terrain pour cette dernière, l’Europe pour ma structure – et de mobiliser des jeunes, principalement apprentis ou issus de lycées professionnels, qui ne s’intéressent pas a priori à l’Europe – voire la rejettent -, dans des quartiers majoritairement abstentionnistes voire extrémistes (droite comme gauche). D’abord, Sarcelles et Bondy, ensuite Lille, Roubaix, Tourcoing, ont été concernés par nos actions, entreprises avec une trentaine de partenaires, dont l’OFAJ, la Fondation Hippocrène, la Commission européenne, les Ministères, etc. Pour leur faire connaître l’Europe, qui ne se résume pas à Bruxelles, nous avons souhaité leur faire rencontrer des jeunes comme eux, issus d’autres pays européens – la Pologne et l’Allemagne. Ils ont ainsi eu l’occasion d’échanger sur leurs expériences concrètes : problématiques de formation ou d’intégration sur le marché du travail, en particulier. Ce qui a permis de constater que face à des problèmes identiques, les solutions apportées étaient parfois un peu différentes.
Pour en savoir plus : Lab Afev – du 20 mars 2019