Rencontre organisée par Profession Banlieue
en partenariat avec le Collectif des Ateliers Santé Ville d’Île-de-France
le mardi 17 juin 2014 à Bobigny
Cette journée thématique organisée par le Centre de ressources de la politique de la ville en Seine-Saint-Denis entendait répondre simultanément à plusieurs questions : où en sont les politiques publiques locales de santé ? Comment mieux prendre en compte les problématiques et les déterminants de santé dans toutes les autres politiques publiques ? Sur quels outils s’appuyer pour combattre les inégalités de santé qui atteignent un niveau record en Ile-de-France, la région pourtant la plus riche et la mieux équipée de l’hexagone en ce domaine ?
La matinée permit de revenir sur les principaux éléments de contexte, les grandes tendances à l’œuvre et les apports des grands dispositifs publics.
Ainsi l’agence régionale de santé (ARS) rappela-t-elle d’entrée de jeu que la santé dépend pour 20% seulement des politiques publiques de santé, et pour 80% des éléments et des politiques non sanitaires, touchant aussi bien à la politique de la ville, à l’habitat ou au logement, qu’au transport et à l’organisation du Grand Paris. S’agissant des Contrats Locaux de Santé, Luc Ginot releva que les 58 CLS franciliens coïncident bien avec les CUCS et les ZUS, qu’ils offrent des leviers importants avec des effets très inégaux d’un site à l’autre selon la préparation du contrat, la qualité du diagnostic local et celle des partenariats engagés. Dès lors, il dégagea 5 enjeux pour les CLS de deuxième génération : la capacité à mesurer les inégalités de santé, à agir sur leurs déterminants, à fédérer les acteurs, à construire des parcours intégrés et à articuler toutes les échelles territoriales. Enfin, il conclut sur la complémentarité des CLS (seuls capables de mobiliser le droit commun) avec les Ateliers Santé Ville (ASV), acteurs santé des contrats de ville, capables d’agir au niveau des quartiers.
Zoé Vaillant, universitaire, géographe de la santé, revint quant à elle sur l’identification des causes des inégalités de santé : le gradient social est nécessaire mais non suffisant, expliqua-t-elle. Et il convient de savoir prendre en compte d’autres paramètres comme l’enclavement physique et social, l’équipement des structures locales de santé, les dynamiques de rénovation urbaine, l’implication des acteurs locaux. Ce qui compte pour réussir, selon elle ? Une démarche partagée de diagnostic, démarche rapidement menées et restituée à tous, élus en tête. D’autres recommandations ? Plus de thématiques prises en compte, une plus forte mobilisation, davantage de suivi et de démocratie pour que davantage d’acteurs puissent s’impliquer localement dans ces démarches.
Vincent Baudot, consultant spécialisé, géographe lui aussi, revint enfin sur le rôle des ASV dans la lutte contre les inégalités de santé, à travers de nombreux exemples, et à partir de 5 « carrefours thématiques » d’observation-action. Au croisement, Education/Santé, il insista sur le rôle des réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REAPP), ou la mobilisation utile des Maisons des parents. Au croisement Emploi/Santé, il mit l’accent sur la détection précoce des problèmes, mais aussi sur la prévention, l’accès aux soins et aux droits dans l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Au croisement Politiques sociales/Santé, il pointa le rôle décisif de la médiation sociale. A l’interface Logement/santé, l’intéressèrent surtout les expériences dédiées à la prise en charge de la santé mentale. Enfin, au carrefour Développement durable /Santé, il plaida pour une prise en compte des paramètres de santé dans toutes les politiques d’aménagement, du quartier à la région et au-delà.
L’après-midi fut consacrée aux politiques municipales de santé avec trois retours d’expériences faites par des coordinatrices santé des villes de Rennes, Grigny/Viry-Châtillon et de Montreuil. Ce temps d’échange, en présence d’autres praticiens, permit de discuter des outils et des méthodes déployés pour coordonner les dispositifs spécifiques aux politiques locales de santé : Atelier Santé Ville, Contrat Local de Santé, Plan Local de Santé.
Chaque territoire put ainsi expliciter le poids différencié de l’histoire en terme d’inégalités sociales et territoriales de santé, ce qui permit dans certains cas de faciliter la prise en compte précoce de ces problématiques par les élus.
Malgré des compétences légales limitées en matière de santé, fut-il souligné, les communes qui s’investissent dans ce sujet vont au-delà du seul domaine de l’hygiène pour appréhender les problèmes de santé en relation avec les déterminants sociaux de la santé. Une approche partagée et portée par différents réseaux : Élus, Santé Publique & territoires (ESPT), mais aussi le Réseau français des Villes-Santé de l’OMS : des réseaux qui permettent aux élus d’échanger, de promouvoir et de coordonner les différents programmes de santé publique dans les territoires.
À côté de ces réseaux nationaux, l’on entendit le Collectif « ASV Île-de-France » expliquer qu’il s’organise depuis 2011 pour réunir l’ensemble des coordinateurs des Ateliers Santé Ville développés sur le territoire francilien. Lieu de capitalisation et de valorisation des différentes actions, ce réseau régional permet à ses membres de se construire une culture commune tout en organisant des échanges utiles pour répondre aux divers besoins du territoire régional.
Lien :
http://www.professionbanlieue.org