Grèves dans les établissements ZEP et non ZEP de la banlieue parisienne – 28 janvier 2014

Contrepoint
Des grèves dans les établissements
ZEP et non ZEP de la banlieue parisienne

 Le 28 janvier 2014

 

Fâcheuse concordance des temps pour la réforme de l’éducation prioritaire, annoncée par les ministres la semaine passée et plutôt bien accueillie par les milieux concernés. La publication des dotations horaires globales (DHG) des établissements – c’est-à-dire les moyens humains avec lesquels ils devront tourner en septembre prochain – laisse en effet présager une rentrée difficile pour nombre d’établissements de la banlieue parisienne, en particulier dans les Hauts-de-Seine. Dénonçant une duperie politique et une opération de communication du Gouvernement, masquant une véritable dégradation des conditions d’éducation dans les quartiers populaires, leurs personnels sont en grève depuis la fin de la semaine passée et défilent aujourd’hui devant le ministère. Radiographie rapide du malaise.

L’objet du conflit. De nombreux établissements, collèges et lycées, en ZEP et hors ZEP, vont perdre des moyens réels d’éducation à la rentrée 2014. Soit en effet, ils verront leur dotation stagner alors qu’augmenteront leurs effectifs scolaires, soit ils perdront des heures d’enseignement sans diminution de leurs effectifs. Ironie supplémentaire : les établissements populaires du nord du département en seront les principales victimes.

Les conséquences prévisibles. Le résultat : une concurrence accrue pour récupérer des heures de cours entre établissements comme entre disciplines et enseignants, des classes plus chargées pénalisant les élèves les plus en difficulté, un climat globalement plus tendu et dans certains établissements, des conditions d’accueil à la limite du tolérable.

L’explication. Un « département très atypique », aux dires du DASEN : avec deux fois plus de familles favorisées qu’ailleurs et une dynamique démographique accentuant encore le phénomène, mais aussi des concentrations de pauvreté justifiant le classement de 30 collèges en ZEP sur 98. Au terme d’une période d’ajustement par les effectifs de classe (jusqu’à 32 ou 33 en 6ème), ce sont aujourd’hui les établissements populaires qui rendent des moyens aux établissement bourgeois au titre de la péréquation départementale !

Des pistes de sortie de crise ? Lundi 27 janvier, l’inspection académique a fait de nouvelles propositions de moyens aux collèges en grève. Certains ont obtenu davantage d’heures qu’ils n’en avaient en 2013. D’autres voient leurs moyens prolongés à quelques heures près. Au total, de source syndicale, 528 heures ont été attribuées aux collèges et 140 aux lycées. Mais tous, loin de là, n’ont pas obtenu gain de cause ni compensation.

Des inégalités… et des postes à créer en banlieue.  Certains établissements craquent, alors que d’autres tournent avec des moyens plus convenables. Il faudrait alors non seulement mieux doter les établissements en ZEP pour ne pas vider de tout son sens la réforme annoncée de l’éducation prioritaire ; mais aussi revoir la carte scolaire de façon à mieux répartir les élèves, en ZEP et hors ZEP. Or le sujet est tabou, au moins jusqu’aux municipales. En attendant, l’affaire révèle au grand jour la carte des inégalités sociales et scolaires en banlieue hors de l’emblématique Seine-Saint-Denis. Et le redéploiement ne suffira pas : il faudra à l’évidence créer des postes d’enseignement, au-delà des moyens déjà accordés à l’année de stage et à la formation initiale.