Pourquoi ?
Les émeutes de l’été 2023 ont mis en lumière la situation précaire des jeunes, dont 60% étaient élevés par des parents seuls. En réponse à ces événements, Ris-Orangis a reconnu la nécessité de se pencher sur la situation des familles monoparentales. En 2020, 1 707 familles sur 5 536 à Ris-Orangis étaient monoparentales, soit 30% contre 25% à l’échelle nationale. Ces familles, principalement dirigées par des mères célibataires, font face à des revenus médians inférieurs et une plus grande précarité (33% sous le seuil de pauvreté).
Le rapport au conseil municipal de mai 2024 a révélé des statistiques alarmantes : la moitié des familles monoparentales disposent de moins de 1 323€ de ressources par mois, et 9% vivent dans une grande pauvreté. De plus, l’analyse des besoins sociaux de la ville a révélé des défis importants tels que la pauvreté, le manque d’accès aux droits, et la charge mentale élevée chez les parents solos. La municipalité a donc décidé de créer un statut communal spécifique pour ces familles, s’inspirant de l’initiative de « La Collective des mères isolées » et d’autres associations locales. Cette décision vise non seulement à offrir un soutien immédiat mais aussi à peser sur les politiques nationales en matière de parentalité.
Comment ?
Le statut communal de parent solo à Ris-Orangis a été élaboré après une concertation extensive avec les associations locales, les experts en parentalité, et les représentants des familles monoparentales. En neuf mois, un groupe de travail a défini 21 mesures couvrant six domaines clés :
- Accès aux droits et à la santé
- Création de points d’accueil et d’information pour lutter contre le non-recours aux droits
- Partenariats avec la CAF pour faciliter l’accès aux prestations sociales
- Collaboration avec les fournisseurs d’accès internet pour offrir des abonnements à tarifs préférentiels ou solidaires
- Mise en place d’un parcours santé spécifique pour les parents solos et leurs enfants, avec des rendez-vous médicaux réguliers
- Ateliers socio-linguistiques pour les familles allophones, en partenariat avec l’Éducation nationale et les services municipaux
- Traduction de documents clés (magazine municipal, annuaire santé, guide de la petite enfance) en plusieurs langues pour les parents allophones
- Recensement des agents municipaux parlant des langues étrangères pour aider les parents solos dans leurs démarches administratives
- Emploi
- Développement d’un accompagnement sur mesure pour la recherche d’emploi, la reprise d’activité, ou la formation des parents solos, en collaboration avec le service Ris-Emploi
- Sensibilisation des entreprises locales aux conditions de travail des parents solos pour favoriser leur recrutement et leur maintien en emploi
- Logement
- Prise en charge de l’adhésion à l’association des locataires (CLCV-ULRO) pour un soutien sur les questions de logement
- Réflexion avec les bailleurs sociaux et privés pour développer des offres de colocation adaptées aux parents solos
- Construction d’une résidence dédiée aux parents solos avec des services spécifiques (espaces partagés, soutien scolaire, assistance juridique)
- Mode de garde
- Introduction de critères de discrimination positive pour l’attribution des places en crèche aux familles monoparentales
- Renforcement du dispositif Avip pour l’accueil des enfants de parents en insertion professionnelle, avec des partenariats élargis avec la CAF et France Travail
- Mobilité
- Création d’un espace de covoiturage pour les parents solos sans permis ou véhicule personnel
- Sécurisation des locaux pour vélos et trottinettes dans les résidences, en partenariat avec les bailleurs sociaux
- Droit au répit
- Participation au dispositif « Aides aux vacances pour les familles » en partenariat avec la CAF, avec une discrimination positive pour les familles monoparentales
- Création d’une carte « famille monoparentale » offrant des réductions sur les activités culturelles et sportives locales
- Mise en place du dispositif « Un temps pour soi » pour offrir des moments de répit aux parents solos, avec des activités culturelles et sportives
- Organisation d’animations dans les parcs et jardins pour rencontrer et informer les familles monoparentales sur leurs droits et les services disponibles
Ces mesures sont conçues pour être évolutives et adaptées aux besoins changeants des familles monoparentales, avec un suivi régulier et des ajustements en fonction des retours des bénéficiaires.
Quel premier bilan ?
Bien que le statut soit récent, les premiers retours sont prometteurs. Les familles monoparentales de Ris-Orangis ont commencé à bénéficier des nouveaux services et droits. La municipalité prévoit des dispositifs d’accompagnement à la mise en place, de suivi et d’évaluation pour ajuster les mesures en fonction des besoins et des retours des bénéficiaires. Une campagne de communication active est en cours pour informer toutes les familles concernées, avec des documents disponibles en plusieurs langues pour assurer une large diffusion de l’information.
La municipalité a également prévu de continuer à réunir le groupe de travail avec les associations locales, comme « La Collective des mères isolées », pour évaluer la mise en œuvre des différentes mesures et les faire évoluer. L’objectif est de garantir que chaque mesure soit réellement bénéfique et adaptée aux besoins des familles monoparentales de la ville.
L’interview de Stéphane Raffalli, maire de Ris-Orangis
Pourquoi avez-vous choisi de créer ce statut communal pour les parents solos ?
M. Raffalli : Les émeutes de 2023 et l’analyse des besoins sociaux ont mis en lumière la précarité des familles monoparentales. Nous avons constaté une nécessité urgente de soutien à ces familles, particulièrement en matière de droits, de logement, et de santé. Les statistiques montrent une précarité accrue chez ces familles, et il était de notre devoir d’agir.
Comment avez-vous élaboré les 21 mesures de ce statut ?
M. Raffalli : Nous avons travaillé pendant neuf mois avec des associations, des experts, et les familles concernées pour définir des mesures adaptées. Chaque mesure a été pensée pour répondre aux besoins spécifiques des parents solos. Nous avons également participé aux travaux parlementaires en cours pour aligner nos actions avec les initiatives nationales.
Quelles sont les mesures phares de ce statut ?
M. Raffalli : Le droit au répit est crucial : permettre aux parents solos de prendre du temps pour eux, avec des activités culturelles et sportives pour eux et leurs enfants. Nous avons mis en place un lieu, le 10 place Jacques Brel qui offrira cette possibilité aux parents d’avoir ce temps pour eux pendant que leurs enfants pratiqueront une activité.
De plus, nous avons mis en place des points d’accueil pour faciliter l’accès aux droits et à la santé. Une autre mesure importante est la discrimination positive pour l’attribution des places en crèche, qui aide les parents solos à trouver des solutions de garde.
Comment la municipalité finance-t-elle ces mesures ?
M. Raffalli : Nous avons intégré ces mesures dans notre budget municipal. Beaucoup de ces initiatives sont des extensions de pratiques existantes, maintenant formalisées dans un cadre statutaire. Par exemple, les partenariats avec des associations locales et les bailleurs sociaux ne nécessitent pas forcément de nouveaux financements, mais une meilleure organisation et coordination.
Quelles sont les mesures spécifiques prévues pour les agents municipaux ?
M. Raffalli : Lors du prochain conseil municipal en juin 2024, nous proposerons des mesures spécifiques pour les agents municipaux. Cela inclut l’aménagement du temps de travail pour les agents solos ayant des enfants reconnus MDPH, des congés supplémentaires en cas de maladie des enfants, et une augmentation de l’aide à la cotisation de la mutuelle. Ces mesures visent à soutenir nos propres employés dans leurs défis quotidiens.
- Nom : Ris-Orangis
- Département : Essonne
- Région : Ile de France
- Population : 29 825 habitants
- Maire : Stéphane Raffalli
- Site internet : Site de la ville
- 30% des familles à Ris-Orangis sont monoparentales.
- 1 707 familles monoparentales sur un total de 5 536 familles avec enfants en 2020.
- La moitié des familles monoparentales disposent de moins de 1 323€ de ressources par mois.
- 33% des familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté.
- 21 mesures spécifiques dans six domaines