3 questions à Eric Piolle, Maire de Grenoble
1/ Pourquoi avez-vous décidé d’adhérer à Ville & Banlieue ?
A Grenoble, nous parlons de quartiers populaires plutôt que de banlieue car notre géographie et notre histoire font que les QPV sont au cœur de la ville. Cependant leurs habitants cumulent des difficultés qui traversent également toute la population : précarité, mal-logement, exposition au réchauffement climatique, accès aux soins et à l’emploi, discriminations, délinquances… Et ce cumul nous oblige à considérer les quartiers populaires comme le point de départ de nos politiques publiques émancipatrices.
Face à des interventions descendantes d’acteurs nationaux et centraux (ANRU, ANCT…), il est important que les municipalités et les maires, aux côtés des habitant-es et des acteur-ices des quartiers populaires, se donnent les moyens d’échanger et de se faire entendre. Par exemple contre les démolitions de logements sociaux, qui sont souvent un non-sens écologique et social. Il faudra également prendre toute notre part dans les discussions à venir en vue du plan « Quartier 2030 » pour élaborer la nouvelle géographie prioritaire et les nouveaux contrats de ville (2024-2030).
2/ Quelles sont les spécificités de votre territoire ?
Grenoble est une ville centre au sein d’une agglomération contrainte par les massifs montagneux. Aussi les quartiers populaires de Grenoble ne sont pas des banlieues au sens géographique. L’exclusion est par contre économique et sociale avec près de 45% de la population vivant sous le seuil de pauvreté et des difficultés d’accès à l’emploi, notamment pour les jeunes.
A Grenoble, c’est 13% de la population, soit plus de 20000 personnes qui habitent dans 4 Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville, dont un en hyper centre-ville. Il me semble très important qu’une ville centre conserve des quartiers populaires en son sein, bien desservis par les transports en commun et proches des équipements publics, car ils ont une réelle fonction dans la ville. L’offre de logements accessibles joue un vrai rôle en termes d’accueil et d’insertion d’une part et de filet de sécurité en cas d’accident de la vie d’autre part.
Aussi il faut non seulement valoriser ces espaces de vies, mais aussi y avoir une attention particulière en termes d’intervention des services publics pour garantir une cadre de vie de qualité, des logements rénovés et des politiques sociales pour accompagner les habitant-es.
3/ Pouvez-vous présenter un projet innovant que vous avez mis en place dans votre collectivité sur un sujet lié à la question des banlieues ou de la politique de la ville ?
J’en citerai deux, pour être à la fois dans le massif et le structurant, et dans l’humain et le terrain.
Le Chantier de ce début de siècle d’abord, avec la rénovation du quartier de la Villeneuve qui entoure l’un des plus grands parcs de la commune pour en faire le 1er « écoquartier populaire » ! Ce sont plusieurs milliers de logements sociaux et copropriétés qui ont été ou vont être rénovés thermiquement au niveau BBC, des équipements et espaces publics repensés autour d’une priorité sur l’accès à la fraîcheur avec notamment un projet de plan d’eau baignable gratuit en cœur de parc.
En hyper proximité, nous avons aussi mis en place à Grenoble des chantiers ouverts au public : ce sont les habitant-es qui proposent des projets permettant d’améliorer leur cadre de vie (aménagement, végétalisation…) et qui les réalisent grâce à un travail collaboratif avec les services de la ville qui fournit le matériel et le personnel nécessaire (menuisier, Street Artist…)
C’est un réel succès qui vient réinventer le rapport à son quartier !