Au Kremlin-Bicêtre, un nouveau dispositif de médiation au service d’une politique locale protectrice

Véritable passerelle entre des mondes qui ne se côtoient ou ne se comprennent pas ou plus, la médiation sociale est un mode efficace de résolution des tensions et de mise en relation des habitants.es des quartiers et des institutions.

Néanmoins, il s’agit de répondre à des questions spécifiques. C’est donc au sein des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) que sont menées des actions de lien social et de médiation auprès des publics pour améliorer l’habitat et le cadre de vie.

Pour répondre aux besoins de sécurité des kremlinois.es, la ville du Kremlin-Bicêtre a dû renforcer les champs d’interventions des politiques qui contribuent à améliorer les conditions de vie des habitants. Depuis le mois d’avril 2021, la ville a décidé de développer un service de médiation locale et de nouveaux dispositifs sont mis en place.

Pour permettre à tous les habitants.es de vivre sereinement dans leur ville, ces dispositifs sont basés sur trois principes : la proximité, la médiation et la prévention.

Dans cette perspective, 3 médiateurs agiront auprès de la population en tant que personnes « ressource » et « expert », par des actions de prévention, d’information, de médiation auprès des différents acteurs (parents, familles, enfants, professionnels, structures) et en transversalité avec les services de la Ville et les partenaires du territoire. Leurs champs d’intervention respectifs ont été ainsi définis : prévention/santé, champ socio-éducatif et enfin un volet habitat et cadre de vie.

 

Pourquoi ?

Pour mieux répondre aux préoccupations et aux attentes de la population et favoriser un nouveau lien entre population kremlinoise et services publics. Ce dispositif constitue un partenaire privilégié pour développer des actions de prévention, capter les habitants.es et les accompagner dans une démarche citoyenne.

Ce service vise également à réduire les inégalités, mais aussi à prévenir les situations de rupture. Les actions collectives, en lien avec les différents partenaires (centre social, pôle Actions Sociales Municipales, Kremlin-Bicêtre Habitat, associations…), réduisent les écarts de développement entre les quartiers défavorisés et leurs unités urbaines, ce qui permet l’amélioration des conditions de vie des habitants.es et la lutte contre toute forme de discrimination.

L’enjeu est d’une part d’inscrire l’action du service de médiation en complémentarité de l’activité de la police municipale et de ces acteurs de proximité, d’autre part de coordonner l’ensemble de ces espaces, dans une logique globale d’offre de services répondant aux besoins des habitants.es.

Enfin, la municipalité du Kremlin-Bicêtre est convaincue que seul un travail de médiation, qui s’appuie sur une bonne connaissance des trajectoires individuelles et des familles est à même de pouvoir bâtir des alternatives dans la durée. Le conseil municipal a donc approuvé la création d’un conseil des droits et des devoirs des familles (CDDF) présidé par le maire, qui, s’adressant aux parents de mineurs dont le comportement provoque des troubles dans l’espace public, aura pour mission de dialoguer avec les familles et leur proposer des solutions d’accompagnement adaptées à la situation de chacun.

 

Comment ?

Le développement de ce nouveau service de médiation s’appuie sur le recrutement de médiateurs ayant des compétences techniques variées et le développement d’une police municipale de proximité, qui permettra de répondre aux attentes de la population et de garantir sa sécurité au quotidien.

L’action des médiateurs repose ainsi sur un contact permanent avec les habitants.es en participant à la vie du quartier. C’est une relation avec le public fondée sur l’écoute et le dialogue. Ces derniers jouent un rôle de facilitateur du dialogue et répondront ainsi aux différents enjeux des politiques publiques locales en matière de santé, d’éducation et d’habitat.

En coordination avec la Police municipale, le centre social, le point d’information jeunesse, les médiateurs ont un rôle de premier plan pour répondre aux enjeux de rétablissement du lien social, de prévention de conflits ou de règlement de situations dans l’impasse.

Le Point Information Jeunesse (PIJ), relais essentiel s’est doté récemment d’un service de « médiation locale ». Cet espace de dialogue et de prévention permet maintenant de répondre à des besoins plus spécifiques et au plus près de la population sur des sujets périphériques à l’éducation : santé, culture, mobilité européenne, droit ou encore logement.

Le développement de ce nouvel espace de « médiation locale » dans la ville du Kremlin-Bicêtre permet une multiplicité d’actions. Des programmes et des parcours coordonnés par les médiateurs à destination des familles ont vu le jour, où parents et enfants sont accompagnés dans les résolutions de problèmes intrafamiliaux (responsabiliser les parents, restaurer l’autorité parentale), mais également sur des problématiques en milieu scolaire (décrochage et difficultés scolaires, harcèlement scolaire) ou encore liés au vivre ensemble (comportement, violence, addiction, nuisance au climat scolaire). C’est autour d’activités culturelles, citoyennes, éducatives et de loisirs tout au long de l’année et pendant les vacances scolaires, qu’ils sont accompagnés.

Le volet santé est également traité, en élaborant des actions de prévention et de promotion de la santé avec et pour les habitants. Des partenariats avec les associations et les professionnels des quartiers prioritaires sont ainsi mis en place, et un volet formation des acteurs locaux sur les différentes thématiques « santé » est au programme.

 

Quel bilan ? 

Les conflits de voisinage, les incivilités, l’agressivité et les violences mènent à un repli sur soi, ce qui entraîne des difficultés pour les habitants à communiquer et à vivre ensemble.

Aujourd’hui, les différents dispositifs mis en place par la Ville du Kremlin-Bicêtre, permettent de faciliter la vie des habitants, de garantir l’accès aux droits des plus fragiles et de favoriser le lien social en permettant à chacun de trouver sa place en participant à la vie de la cité.

Les actions de médiation menées jusqu’alors par la municipalité, ont permis le développement du dialogue, le rapprochement des parents avec l’institution scolaire, une meilleure utilisation des outils numériques tant pour les élèves que pour les familles, la création d’un réseau parentalité, la remobilisation scolaire des élèves en situation de décrochage scolaire, l’ouverture culturelle et le développement de la citoyenneté des enfants.

Un diagnostic de territoire en cours a également permis de dégager des pistes de travail : santé des jeunes, santé des femmes, santé des seniors.

Les dispositifs de médiation mis en place ont créé du lien entre les Kremlinois et ont permis de trouver des réponses à leurs besoins et des alternatives aux conflits. Enfin, ce nouveau service constitue une offre complémentaire aux services de proximité proposés sur le haut de la ville que sont le centre social et le point information jeunesse, des lieux spécifiques dans lesquels les habitants peuvent être accompagnés dans plusieurs de leurs démarches.

 

Le projet en photos

 

© Ville du Kremlin-Bicêtre.

 

L’interview de M. Jean-Luc Laurent, maire du Kremlin-Bicêtre (94)

1. La ville du Kremlin-Bicêtre a à cœur d’accompagner ses administrés, une permanence d’accompagnement existe déjà. En quoi le service médiation complète ou renforce ces permanences sociales dans les quartiers de la ville ?

Depuis deux ans, maintenant, la Ville du Kremlin-Bicêtre a mis en place un bouclier communal pour protéger et accompagner les Kremlinois, notamment les plus modestes. Le service médiation vient en renfort des dispositifs d’accompagnement mis en place en début de mandat, comme les permanences sociales et permet une action au contact direct des habitants dans une logique « d’aller vers ». La mairie, c’est la République au coin de la rue, ses services plus encore. Le service de médiation, organisée autour d’un fléchage thématique (la santé, le logement, etc.) permet de saisir à vif les problèmes rencontrés par les Kremlinois et de travailler efficacement à les résoudre. C’est aussi un travail de partenariat avec les services de l’État, qui participe au financement du dispositif, pour mieux articuler les prérogatives et l’action de chacun.

2. Quelles sont les missions de régulations relationnelles qui rencontrent le plus l’adhésion des habitants ? Et pourquoi selon vous ? 

Le fait même de mettre en place des dispositifs et des actions de régulations relationnelles est apprécié par les habitants. Il est important, sinon nécessaire que les actions sociales se fassent dans un environnement de confiance et d’écoute. L’action de nos médiateurs est irriguée par cette volonté de bâtir un climat de confiance afin de mieux cerner et comprendre les problèmes des Kremlinois.

Cette logique « d’aller vers » reçoit un accueil favorable, car les habitants ne savent pas toujours ce que la ville peut faire pour eux ou parfois n’osent pas évoquer les problèmes qui traversent leur quotidien avec des personnes extérieures. En étant à leur écoute et en allant à leur rencontre, parfois même au pas de leur porte, le service médiation du Kremlin-Bicêtre ouvre un cadre protecteur pour le recueil de témoignages et de demandes, ce qui est apprécié et reconnu par les administrés.

3. Aujourd’hui, les médiateurs interviennent au sein des quartiers politiques de la ville pour lutter contre la désagrégation sociale, pensez-vous élargir ce dispositif à d’autres expériences de régulations ? 

L’un des pans importants du travail des médiateurs est effectivement de contribuer à « faire cité ». Si leur action est principalement tournée vers les QPV du fait d’un besoin important de suivi et d’action sociale, elle ne se limite pas géographiquement. Le fléchage thématique de leur action de médiation permet une couverture large des problématiques rencontrées par les Kremlinois dans de nombreux domaines, couverture que nous souhaitons élargir au fil du temps. Un des objectifs de cette démarche est de couvrir le plus largement les besoins des habitants en optimisant la prise en considération de leurs demandes et requêtes, peu importe leur lieu de vie.