Quatre mois après le début du mouvement des Gilets jaunes, les maires sont mobilisés pour le grand débat national. Élus ruraux, urbains ou de banlieues, de toutes appartenances politiques, ils racontent.
Catherine Arenou, 65 ans, médecin. Maire divers droite de Chanteloup- les-vignes (78), 10 380 habitants, elle constate le faible intérêt des habitants pour le grand débat.
« Je considère que ce n’est pas à moi d’organiser le débat. Mais je faciliterai les initiatives. Pour l’instant, je n’ai pas été sollicitée. Au tout début, les revendications des gilets jaunes résonnaient avec les difficultés quotidiennes des habitants mais aujourd’hui, j’ai l’impression qu’ils se sentent moins concernés par le mouvement. D’ailleurs, je n’ai pas vu un seul gilet jaune par ici! 62% des habitants de la commune ne sont pas soumis à l’impôt. Dans ces conditions, les revendications sur la fiscalité… Je ne suis pas sûre que les gens croient encore au débat! Ils ont déjà donné en 2017, dans le cadre des travaux préparatoires du plan Borloo sur les banlieues. Nous avons un très grand quartier en zone de rénovation urbaine, et nous avons donc mobilisé les associations et les habitants.
Ils y ont mis de l’énergie et de l’espoir. Pour rien, puisque le Président a enterré le plan qui s’appelait, de façon prémonitoire, « plan de réconciliation nationale »! Les gens s’intéressent à la démocratie participative quand ils pensent pouvoir peser sur les décisions. Là, que peuvent-ils attendre du grand débat? Je ne voudrais pas qu’ils soient déçus. Cela ne ferait qu’accroître la désillusion et rendrait l’action publique encore plus difficile… Mais j’espère me tromper! »
Pour en savoir plus : Notre temps – du 05 mars 2019