Après quatre longues années de fermeture et de grands travaux, le centre artistique et culturel Henri Tisot rouvre ses portes avec une offre d’ateliers et de spectacles renouvelée. « Le Tisot » comme l’appellent familièrement les Seynois est aujourd’hui un espace polymorphe. La ligne brisée de son auvent monumental, reprise partout comme logo, évoque la Méditerranée toute proche, symbole de la croisée des cultures : cours de hip-hop, de danse classique ou de magie côtoient sur le programme 2018/2019 des séances de cinéma de plein air, des cours d’anglais… Il s’agit de décloisonner. Voilà le maître-mot : décloisonner la culture, mais aussi la cité. Au cœur du quartier Berthe, en pleine mutation, on perce de nouvelles artères, plus larges, qui bouleversent le visage du quartier, créent des places et relient ce secteur au reste de la ville. La réouverture de ce centre artistique et culturel est le point de départ d’une nouvelle vie urbaine.
Pourquoi ?
Avec les années, l’action socio-éducative avait pris le pas sur l’offre culturelle et artistique du centre. Sans renier l’action sociale, la commune souhaitait rendre à Tisot sa vocation initiale de lieu de diffusion et de transmission des arts. De plus, les scènes et les salles de répétitions ne correspondait plus aux besoins actuels des artistes en représentation tandis qu’une remise aux normes actuelles s’imposait. Après la médiathèque Andrée Chédid et le centre social et culturel Nelson Mandela, il s’agissait de doter le quartier Berthe d’un lieu moderne qui puisse attirer un public plus large, étendu à toute l’aire de l’agglomération toulonnaise.
Comment ?
Les architectes du cabinet Artelabo à Gignac (Hérault) ont pensé la rénovation comme une renaissance. A la salle de spectacles qui, par un jeu habile de gradins escamotables peut passer de 250 à plus de 600 spectateurs, s’ajoutent des studios d’enregistrement dans un espace insonorisé et des locaux administratifs généreux. Pour ce faire, le bâtiment a été surélevé, remis aux normes d’accessibilité et étendu, sans pour autant trahir son aspect initial. Il s’étend aujourd’hui sur 1200 m2. « La Ville a fait le pari d’un centre culturel qui fait cohabiter la création artistique avec la proximité avec la population dans une ambiance chaleureuse de convivialité qui permet de tisser des liens entre le public et les artistes », résume Eric Marro, l’adjoint au maire chargé de la culture. Le Tisot s’apprête à accueillir des artistes en résidence tandis que ses studios d’enregistrement permettent la captation aisée des concerts qui s’y tiennent.
Les associations ne sont pas en reste avec les 120 m 2 de la salle Germain Loro, pensée comme un foyer dont l’entrée autonome permet des horaires d’ouvertures élargies ce qui facilite les pratiques artistiques amateurs et les rencontres associatives.
Quel bilan ?
Après une première saison estivale couronnée de succès (les séances de cinéma de plein air ont mobilisé de nombreux habitants), le Tisot s’apprête à inaugurer sa nouvelle programmation annuelle. Gageons qu’au regard des inscriptions, le centre fera sûrement le plein dès cette année.
Le projet en photos
Interview de Marc Vuillemot, maire de la Seyne-sur-Mer
1. L’offre d’activité a été étendue pour la réouverture. Les nouvelles propositions séduisent-elles un public plus large que celui du précédent Centre Tisot ?
Il s’agit de continuer sans cesse à œuvrer pour l’attractivité de La Seyne-sur-Mer en ouvrant l’un de ses principaux quartiers populaires à l’ensemble des habitants de la commune par l’implantation d’un centre culturel assurant à la fois l’expression des associations qui y vivent et y agissent et même, plus largement et gratuitement, aux associations culturelles de l’agglomération toulonnaise tout en accueillant une programmation de concerts de niveau national (Cali, Sanseverino, Rokia Traoré…) destinée à séduire un public régional.
2. Le financement de cette réhabilitation s’inscrit dans un projet plus large de requalification du quartier de la Berthe. Comment ce financement a-t-il été élaboré avec l’ANRU qui intervient pour une bonne part dans ce projet ?
Un financement de 3,5 M€ a été accordé par l’ANRU dans le cadre du PRU de Berthe (Programme de Rénovation Urbaine) lancé par l’Etat en 2006 avec le concours des conseils régional et départemental, de la métropole TPM (Toulon Provence Méditerranée) et de la commune. Le Programme de Rénovation Urbaine prévoit la réhabilitation massive de 2400 logements sociaux, la percée de la « Voie Nord » pour désenclaver la cité et la création de trois places : de Lattre de Tassigny, Pêle-Mêle et Saint-Jean toutes destinée à structurer le quartier comme un village. La rénovation du Tisot s’inscrit dans cette démarche globale de renouveau urbain.
3. Doté d’une esplanade, plus ouvert sur l’extérieur, les habitants du quartier se sont-ils approprié ce nouveau bâtiment ?
Avec le nouveau Tisot, nous souhaitions provoquer et favoriser les échanges interpersonnels dans le monde réel comme on ne le fait plus que sur les réseaux sociaux. Cette structure de diffusion culturelle, tout comme sa structure voisine la médiathèque Andrée Chedid (également dans le quartier Berthe) permet de transfigurer l’image que donne trop souvent les quartiers populaires. Malheureusement de récents événements tragiques ayant coûté la vie à deux jeunes de 20 et 14 ans sur fond de trafic de drogue et de règlement de compte dans le même quartier et à deux pas de cette nouvelle structure culturelle Tisot, ont conduit à repousser la fête inaugurale à l’automne (et non l’ouverture effective qui a eu lieu en été et a connu un franc succès.)
- Commune : La Seyne-sur-mer
- Département : Var (83)
- Région : Provence Alpes Côte d’Azur
- Population : 64 903 habitants
- Maire : Marc Vuillemot (Parti Socialiste)
- Site internet : www.la-seyne.fr
- 3,5 M € de budget
- 48 mois de travaux
- 120 m2 dédié aux associations