«Chanteloup-les-Vignes a connu ses premières grandes émeutes en février 1990. A l’époque, mes liens avec le commissaire de police étaient très étroits. Il m’appelait souvent. On travaillait ensemble, mais chacun dans son rôle : lui était responsable de ses troupes, et moi, je me faisais le porte-parole du tissu associatif. A l’époque, on avait une police de proximité, avec ses hauts et ses bas, mais au moins les policiers faisaient leur tour dans la cité à pied. Quand c’était trop chaud, ils se tiraient. Mais ils étaient bien présents, capables d’identifier les jeunes, les familles. Ils savaient qui était qui. Moi, je regrette l’abandon, par Sarkozy, de cette présence humaine. Les jeunes des quartiers fonctionnent à l’affect. Pour être accepté et respecté par eux, vous devez partager leur quotidien, être un peu dans leur monde et comprendre leur situation. Ils ont besoin d’une autorité, mais elle doit être bienveillante et irréprochable.
«Il faudrait un véritable Grenelle de la politique de la ville, avec pour thème : « Comment intervient-on dans les cités ? » Mais au lieu de cela, on arme les polices municipales. C’est une erreur, qui conduit à mettre ces policiers en danger. Moi, je n’avais pas de police municipale, mais des médiateurs. Aujourd’hui, les voitures de police tournent autour des quartiers, et quand ils pénètrent dans une cité, les policiers restent dans leurs véhicules. Cette police ne vient dans les cités que lorsqu’il y a des tensions, ou de manière impromptue. Ce qui empêche d’établir tout contact.»
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– Libération – Par Tonino Serafini, du 14 février 2017