Voté par l’Assemblée en avril, le projet de loi relatif à la santé arrive au Sénat. Or la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable de la haute assemblée s’est emparée de plusieurs articles et vient de relancer, à travers une proposition d’amendement, le débat sur les meilleures réponses à apporter aux déserts médicaux. Et il n’est pas exagéré de dire qu’une fracture se fait jour entre les sénateurs partisans d’une ligne dure et les conciliateurs/incitateurs, dans les rangs desquels se range la ministre elle-même. Retour sur le fond du débat.
Effet du numerus clausus et de la démographie médicale – qui fait que jusqu’à cette année, le nombre de jeunes médecins démarrant leur activité ne compensera pas celui des départs en retraite – les déserts médicaux continuent de progresser. En banlieue comme en zone rurale, et dans certains centres villes, au nord de l’hexagone notamment.
Face au phénomène, la commission aménagement du territoire du Sénat présidée par Hervé Maurey, sénateur (UDI-UC) de l’Eure, vient d’adopter un amendement proposant un conventionnement sélectif pour les médecins en fonction de leur zone d’installation : où il s’agirait par exemple de pénaliser – par la « réduction du tarif de consultation des professionnels de santé » – les praticiens s’implantant dans les secteurs déjà médicalement bien dotés.
Une proposition qui suscite par fois le scepticisme, et d’abord dans l’entourage de la ministre de la santé, où l’on a beau jeu de faire valoir que seuls 15% des jeunes médecins choisissent l’exercice libéral pur… C’est pourquoi Marisol Touraine reste attachée avant tout aux mesures incitatives et aux aides à l’installation dans les zones médicalement sous-dotées, au regroupement des praticiens en maisons de santé permettant de combattre l’isolement et de renforcer les capacités d’intervention sociale au plus près du terrain.
Incitation ou coercition pour rééquilibrer le paysage médical ? La discussion va se poursuivre mais en attendant, les deux camps paraissent déterminés à défendre jusqu’au bout leurs positions, au-delà des clivages politiques traditionnels ou attendus.