Pour le Président de la République, « jeunesse » rime avec « promesse « et renvoie à son engagement pris pendant la campagne présidentielle d’en faire l’une de ses « priorités ». Avec les mesures annoncées pour le 3ème anniversaire de son élection, les jeunes de banlieue trouveront-ils de nouvelles solutions à leurs difficultés ? Revue des nombreux projets lancés depuis 2012, pour la plupart encore en chantier, mais qui donnent peu à peu consistance à une politique publique globale.
François Hollande est donc intervenu au Conseil économique et social et de l’environnement (CESE) le 6 mai dernier, au cours de la rencontre organisée avec le Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po (LIEPP) sur les politiques publiques en faveur des jeunes. Où il a fait plusieurs annonces.
Une Journée d’appel « utile à tous »
Lointaine héritière du service militaire obligatoire pour tous les garçons enterré par Jacques Chirac en juin 1996, avec la fin de la conscription et la professionnalisation des armées, la « Journée d’appel à la défense » devenue « Journée défense et citoyenneté » continue de faire débat. Non sur le principe -et encore moins depuis les attentats de janvier- mais sur les contenus et les objectifs. Aussi, le Président a-t-il déclaré vouloir « faire en sorte que cette journée d’appel soit transformée en une journée d’information, une journée d’espoir, d’égalité pour l’accès de tous aux formations et à l’information, une journée utile à tous les jeunes qui s’y présenteront pour les orienter vers le meilleur dispositif ».
En somme, une journée permettant aux jeunes les moins avancés dans leur parcours d’études ou de formation, dans leur projet professionnel et social, de saisir une nouvelle chance de trouver leur voie.
L’année de césure enfin reconnue et facilitée
La mesure était attendue depuis longtemps, par tous ceux qui considèrent qu’il est aujourd’hui trop risqué et aléatoire d’ouvrir une parenthèse dans ses études ou son travail, fût-ce pour de bonnes raisons et de vrais projets. De fait, ils ne sont aujourd’hui que 15% à s’y aventurer. Le Président l’a donc assuré : cette année de césure -qui revient à interrompre volontairement ses études ou son activité professionnelle pendant un an, pour un stage en entreprise, un voyage à l’étranger, un projet humanitaire ou personnel- « une circulaire sera prise dès cet été pour qu’elle soit désormais considérée comme une suspension mais en aucune façon comme une rupture » et que davantage de jeunes puissent la mettre à profit.
Un service civique à la demande
Confié à l’Agence éponyme que dirige depuis un an François Chérèque, le service civique a de nouveau été évoqué par le Président comme une possibilité ouverte à tous les jeunes, étudiants, jeunes travailleurs, appelés à la Journée défense et citoyenneté, comme une expérience de vie et un véritable sas d’insertion sociale et professionnelle. Ainsi, il a rappelé la valeur morale et citoyenne d’un dispositif tourné vers l’intérêt général. Il a loué la richesse d’un système permettant de servir aussi bien la solidarité, que l’éducation, la culture et le sport, l’environnement, la santé, le développement international et l’action humanitaire, que la mémoire et la citoyenneté. Il a confirmé que l’objectif était bien la montée en puissance du dispositif, avec un objectif désormais plus proche des 100 000 emplois de service civique par an… Enfin, il a assuré que « tous ceux qui demanderaient à effectuer un service en obtiendraient la possibilité ». Ce qui demandera cependant une mobilisation sans précédent des moyens d’encadrement des services de l’Etat, des collectivités et des associations… dont rien ne garantit aujourd’hui qu’ils en pourront faire face à l’explosion de la demande.
Bientôt des Assises de la Jeunesse
Enfin, le Président a confirmé la tenue prochaine « d’Assises de la jeunesse » pour traiter globalement de ces questions avec les jeunes et en présence de tous les ministres et responsables concernés.
Une Politique de la Jeunesse ?
De fait, ce rendez-vous offrait l’occasion de faire le point sur la réalité de cette politique, auquel le Gouvernement tente de donner une cohérence globale depuis le plan en 47 points annoncé par Valérie Fourneyron en février 2014.
Le Président n’a donc pas oublié de rappeler quelques-unes des mesures adoptées depuis le début de son quinquennat et dont on a ici tenté un premier inventaire
- Orientation : nouveau service public de l’orientation en cours de développement…
- Lutte contre le décrochage : réseaux et plateformes décentralisés de prévention et de lutte contre le décrochage, micro-dispositifs innovants pour le raccrochage, expérimentation du choix de l’orientation laissé aux parents, en fin de 3ème, dispositifs universitaires ad hoc contre l’abandon en 1ere année…
- Insertion professionnelle et accès à l’emploi : emplois d’avenir, contrats de génération, prime d’activité, garantie jeunes…
- Santé : développement des centres de santé universitaires, accès facilité à une mutuelle santé complémentaire…
- Logement : garantie universelle des loyers, relance du logement étudiant et facilité d’accès au logement social…
- Education : réformes engagées ou discutées, des rythmes scolaires, de l’éducation prioritaire, du collège et des programmes…
- Sport et culture : partenariat entre l’USEP et les fédérations pour l’accès de tous, filles et garçons, à la pratique sportive, projet d’éducation artistique et culturelle porté par le ministère de la culture, projet de France TV Education…
- Lutte contre les discriminations : code de déontologie commun police gendarmerie, suivi filmé des interventions de police, appel à projets sur des initiatives innovantes en ce domaine…
- Mobilité internationale et engagement dans la vie publique : ouverture progressive des dispositifs de type Erasmus à d’autres catégories de publics, relance du service civique…
Sans avoir ici l’espace de rentrer dans le détail de ces mesures – dont il faudrait suivre une par une le contenu précis, la mise en œuvre et l’opérationnalité – il nous faut rappeler que l’atteinte de leurs objectifs passe pour nous par trois conditions impératives :
- la concertation, l’articulation et la cohérence des acteurs publics sur tous ces chantiers
- la restauration ou le développement des moyens d’intervention de l’Etat et des collectivités au bénéfice des jeunes (Education nationale, directions Jeunesse et Sports, missions locales, services Jeunesse…) ainsi que des associations de terrain qu’ils soutiennent
- le suivi et l’évaluation de toutes ces initiatives pour infléchir en temps réel leurs conditions de réalisation dans le sens de la plus grande efficacité.