Une traduction rapide et concrète des engagements présidentiels
Dans le discours prononcé à la Sorbonne le 21 janvier, discours présenté comme le lancement de « l’acte II de la Refondation de l’Ecole », le Président de la République avait rappelé avec force que l’école devait pouvoir assurer l’instruction de tous ses élèves et leur éducation civique. François Hollande avait ainsi lui-même dressé la liste des appuis que la nation devait apporter à son école : appuis que la ministre de l’Éducation nationale a détaillé le lendemain dans le Plan présenté au titre de la Grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République.
Ce Plan en 11 mesures comprend 4 axes (voir le lien ci-dessous), dont les deuxième et troisième concernent de près les établissements des quartiers populaires et les collectivités locales qui assument la responsabilité territoriale.
Les élus de Ville & Banlieue entendus
Sur le fond, il reprend certaines des propositions faites par Ville & Banlieue durant les consultations que la ministre de l’Education nationale avait organisées à la suite des événements du 7, 8 et 9 janvier 2015.
Nos élus présents à ces discussions s’étaient attachés à défendre la laïcité en plaidant pour le développement d’une formation à l’intention des enseignants, pour l’apprentissage de toutes les religions et cultures dans le cadre des programmes scolaires et le contexte d’une laïcité bien expliquée, pour l’éducation aux médias dans une approche critique, et enfin, l’ouverture de l’école aux parents et aux partenaires de l’éducation populaire afin de permettre des pratiques et une culture commune de l’espace public et de l’école.
Conforter l’autorité des maîtres et leur capacité à transmettre les valeurs républicaines
Les mesures annoncées dans l’axe 1 du Plan visent à renforcer la formation des maîtres s’agissant de l’éducation à la laïcité et à la citoyenneté, à conforter leur autorité et le respect dus aux symboles et valeurs de la République à l’école, proposer aux enfants et aux jeunes un parcours citoyen tout au long de leur parcours scolaire.
A ce titre, non seulement les ESPE (École supérieure du professorat et de l’éducation) auront la responsabilité de mieux préparer les futurs enseignants à ces missions ; mais 1.000 agents du premier et du second degré seront formés avant la fin de l’année pour pouvoir assurer ensuite la formation de leurs pairs (mesures 1 à 3).
Développer la citoyenneté avec tous les partenaires de l’École
Le partenariat avec les familles – et notamment celles des milieux populaires – est mise une nouvelle fois en question car il ne s’agit plus seulement d’évoquer le principe de la co-éducation mais de le mettre véritablement en œuvre. Espaces-parents, mallettes éducatives à l’intention des parents, proviseurs médiateurs de vie scolaire pour régler les litiges ou conflits relatifs à la laïcité et aux discriminations, doivent donc permettre de rapprocher école et familles dans une culture mieux partagée (mesure 4).
Au-delà, le plan entend mobiliser toutes les ressources des territoires : inscrire la laïcité et la citoyenneté dans les contrats de ville comme dans les PEDT, aider les collectivités prêtes à réaliser des places d’internat pour les collégiens, relancer la réussite éducative en y renforçant le partenariat avec l’ Éducation nationale, resserrer les liens avec le réseaux d’éducation populaires, les associations de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, toutes les structures et personnes de bonne volonté dans ces domaines. Le plan évoque donc « une simplification et une reconnaissance inédite de la part de l’État » afin de faciliter la mise en œuvre opérationnelle de ce partenariat éducatif qui doit également impliquer le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports (mesure 5).
Combattre les inégalités et favoriser la mixité sociale
Ainsi que Ville & Banlieue le réclame depuis longtemps avec une « politique de la langue », la maîtrise du français est réaffirmée comme un chantier prioritaire. La recherche pédagogique devra lui prêter main forte dès les premiers temps de l’apprentissage et les tests de CE2 seront rétablis pour en contrôler les acquis. Les familles non francophones – enfants et parents – recevront une aide particulière dans ce but (mesure 6).
Par ailleurs, deux autres séries du mesures seront prises pour faire reculer « le déterminisme social » à l’école. D’abord en agissant sur la mixité scolaire proprement dite : une nouvelle carte scolaire sera ainsi préparée, traduction des « mesures de peuplement » annoncées récemment par le Premier ministre ; prolongeant la loi Peillon, un état des lieux de la mixité réalisé en 2015/2016 débouchera sur une nouvelle « procédure d’affectation des élèves permettant de renforcer la mixité sociale des établissements des nouveaux secteurs de recrutement » (mesure 8). Ensuite en renforçant l’aide aux familles en situation de pauvreté : une mission sera diligentée sur ce sujet et l’engagement de l’Éducation nationale sera renforcé en partenariat avec l’aide sociale à l’enfance (mesure 9).
Enfin, est annoncée une accélération de la mise en œuvre du plan de lutte contre le décroche scolaire (mesure 7).
Mobiliser l’Enseignement supérieur et la Recherche
En tout dernier lieu, l’axe 4 du Plan présenté met l’accent sur le rôle de l’Université et de la Recherche dans la formation citoyenne et la promotion de la laïcité des jeunes adultes ; mais également pour éclairer la société dans son ensemble sur les fractures et les facteurs de radicalisation qui la traversent (mesures 10 et 11).
Des moyens financiers d’ores et déjà annoncés
En dernier ressort cependant, chacun le sait, ce sont les moyens affectés à ces mesures qui leur donneront ou non réalité. La ministre a donc annoncé l’engagement de 250 millions d’euros sur 3 ans, dont 71 M€ financés dès 2015 par l’Éducation nationale. Sur ce total, 10 millions devraient être dédiés au financement du volet « laïcité » des projets éducatifs des territoires.
Lien :
– Les 11 mesures pour une grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la république