Sport et pratiques sportives : pourquoi les ZUS sont distancées

L’ONZUS avait pointé le problème en 2009. Quatre ans plus tard, le ministère des Sports lançait une grande enquête consacrée aux équipements des ZUS. Cette étude, confiée au CREDOC – basée à la fois sur l’étude statistique des équipements et sur des entretiens qualitatifs avec des responsables locaux – livre aujourd’hui ses résultats. Peu de vraies surprises dans les constats mais une série d’explications éclairantes sur ce paradoxe : les banlieues, qui produisent tant de champions, sont loin d’être les lieux rêvés du sport de masse.

Ecarts et retards d’équipements sportifs : les chiffres parlent
Les ZUS abritent près de 9.000 équipements sportifs ou sites de pratiques, soit moins de 3% de l’offre nationale, pour 7% de la population française.
Ces ZUS sont moins bien équipées que les autres aires urbaines : 22 équipements en moyenne pour 10.000 habitants, contre 28 dans les autres quartiers de leurs communes, et 49 en France entière.
Les activités sportives praticables y sont moins variées : 88 types d’équipements y sont représentés, sur les 161 possibles recensés officiellement… contre 158 dans leur unité urbaine. Parmi les sports moins présents qu’ailleurs : évidemment les équipements nautiques ou équestres, les circuits et terrains de golf, mais aussi les courts de tennis et les terrains de grands jeux (football, rugby…).
Parmi les 10 sports les plus praticables en ZUS, arrivent cependant en tête les sports d’équipe (football, basket, handball…), la gymnastique, la danse, les arts martiaux, le tennis et le badminton.
Sur le plan qualitatif, les sites sportifs de ZUS sont moins équipés en vestiaires et sanitaires, en salles de réunions, espaces buvette et de convivialité.
S’agissant enfin de la gestion et du fonctionnement, il faut relever qu’en ZUS, les équipements sont plus souvent gérés par des communes (75% contre 61%), qu’ils sont plus souvent ouverts au public scolaire (62% contre 52%) mais moins souvent ouverts aux clubs (51% contre 62%).

Une grande diversité de situations
La situation des ZUS est cependant très loin d’être homogène, puisqu’il existe un rapport de 1 à 17 entre les 10% les moins bien équipées et les 10% les mieux équipées. L’étude du terrain fait ainsi apparaître 6 groupes-types, caractérisés et calibrés dans le schéma ci-dessous.

REPRÉSENTATION SPORT

D’autres freins à la pratique sportive
Ceux-ci tiennent sans doute d’abord à la méthode employée pour répondre aux besoins puisqu’une ville sur trois seulement, parmi les six étudiées, a interrogé ses habitants ; et que les politiques de construction ou de réhabilitation des équipements sportifs répondent le plus souvent aux besoins exprimés par les clubs et non par les résidents des quartiers concernés.
Parmi les autres obstacles, sont également pointés les freins culturels liés au contexte « idéologique » et aux représentations dominant l’espace social. Ainsi la faible valorisation du sport dans ces milieux, le poids du cadre familial sur les pratiques des jeunes filles, la faible mobilité des habitants des ZUS, et la réticence à pratiquer des sports confidentiels ou perçus comme « bourgeois ». Symétriquement, les habitants des ZUS sont perçus comme un public difficile par les responsables des clubs.
D’autres freins sont relatifs à l’information (jugée insuffisante tant sur l’offre sportive elle-même que sur l’accès aux aides financières existantes), à l’environnement (déficit de l’offre de transport desservant les équipements).

Les préconisations
Principales conclusions de l’étude : « Les enjeux liés à la qualité et au confort des équipements sportifs sont particulièrement importants dans les quartiers de la politique de la ville ».
Sont donc à travailler en priorité par les responsables municipaux et des clubs sportifs ou des fédérations concernées :

  • Les infrastructures d’accueil comme les espaces de rencontres, de travail, d’échange et de convivialité, les vestiaires hommes et femmes, les espaces de rangement du matériel et des effets individuels des pratiquants
  • Les infrastructures permettant une pratique sportive tout au long de l’année, couverture ou toiture en particulier
  • La desserte et les équipements liés à la mobilité : service de transport en commun adapté aux horaires de pratique, espaces de stationnement sécurisés. 

 

Pour accéder à l’étude intégrale ou à la synthèse
http://www.sports.gouv.fr