Au XXème siècle, le développement de l’industrie, notamment chimique, a façonné le paysage urbain de Septèmes-les-Vallons. Aujourd’hui encore, la commune reste un acteur important du domaine de la chimie fine. Au fil des évolutions techniques, la commune a hérité d’un patrimoine foncier industriel qu’elle a su valoriser : d’une ancienne usine d’essence de térébenthine, Septèmes a créé une médiathèque adaptée aux pratiques culturelles d’aujourd’hui. Demeure sur l’esplanade de la médiathèque, la cheminée de l’ancienne usine qui rappelle les fonctions passées du bâtiment et l’histoire d’un quartier en pleine réhabilitation.
Pourquoi ?
Les élus de Septèmes-les-vallons souhaitaient doter la commune d’un établissement culturel moderne, au cœur de la ville, afin que chacun puisse trouver un lieu où se cultiver et se distraire tout en respectant le patrimoine architectural et historique de la ville. Pour Sylvie Laurent, adjointe à la Culture, il s’agissait de créer un « véritable espace de vie et de rencontre qui positionne la culture, garante de liberté et d’émancipation” au centre de la commune et de l’intégrer à terme selon le souhait du maire, André Molino, dans un réseau métropolitain gratuit de lecture publique. Pour les élus de la commune, ce sont les pratiques culturelles, l’éducation et les échanges sociaux qui constituent le meilleur rempart « contre les obscurantismes et les ignorances, toutes les violences et tous les enfermements l’on voudrait parfois nous imposer ». Septemes est engagée
Comment ?
Pour ce projet, la commune a choisi un accompagnement spécifique en ingénierie culturelle. Emergences-Sud a assuré l’AMO (Assistance à maîtrise d’ouvrage) du projet et a permis l’élaboration d’un programme culturel mais aussi architectural, fonctionnel et technique depuis l’étude d’avant projet sommaire jusqu’au concours d’architecture en 2013 et à l’ouverture en 2017. Le jardin des arts, projet auparavant indépendant a été intégré au développement de la médiathèque afin de mutualiser les compétences. Ce patio, agréable pour lire durant les beaux jours, destiné à faire découvrir des œuvres plastiques aux usagers, est une spécificité de la médiathèque de Septèmes qui en fait un pôle culturel et artistique.
La médiathèque ne doit pas être un seul lieu de passage où l’on vient choisir, emprunter et rendre du contenu culturel. Les élus ont eu la volonté de proposer un lieu d’échange social et générationnel où il fait bon rester : internet est en accès libre via le wi-fi et deux ordinateurs à disposition, des cours d’initiation aux outils numériques sont dispensés, une table à langer et des transats pour bébés sont mis à disposition tandis qu’un service de reprographie a vu le jour en septembre 2017 et une régie permet d’écouter de la musique ou de visionner des films et vidéos. Des débats sont également organisés tout au long de l’année ainsi que des sessions de formation aux nouveaux médias dans un espace dédié. Les élus sont également soucieux que les collections de la médiathèque puissent aller vers ceux qui ne peuvent se rendre sur place : personnes âgées ou en situation de handicap (le portage de livres à domicile étant de longue date une spécificité septémoise).
Quel bilan ?
La médiathèque a rapidement attiré les Septémois. En quelques semaines, l’établissement a enregistré 250 inscriptions familiales supplémentaires par rapport à l’ancienne bibliothèque. Afin de satisfaire au mieux les usagers de plus en plus nombreux, les horaires d’ouverture ont été élargis. Aujourd’hui, les élus septémois participent à une réflexion autour d’un réseau métropolitain de lecture publique gratuite.
Le projet en photos
Interview d’Elisabeth Perrenot-Marque, adjointe au maire, chargée de la politique de la ville, de l’enfance, de l’accueil et des loisirs
Une bibliothèque existait déjà à Septèmes auparavant, la médiathèque a-t-elle fait venir un public différent et plus nombreux ? Comment les usagers s’approprient-ils le lieu ?
La Médiathèque Jòrgi Reboul est le dernier acte en date, d’une politique d’accès à la lecture publique débutée dans les années 80 avec 100 m2 et une bibliothécaire. 15 ans plus tard, avec la construction d’un nouveau complexe socioculturel, est inaugurée la Bibliothèque éponyme qui double sa surface. Enfin le projet communal de 2007 affiche un agrandissement de l’équipement et bien vite le choix de « Médiathèque normative » s’impose.
4 millions d’euros seront nécessaires pour construire les 800 m2 de ce nouvel équipement sur une friche industrielle, ancienne usine de térébenthine, propriété de longue date de la commune, bénéficiant d’un taux de subventions de près de 68%.
L’offre est bien évidemment multipliée et le service amélioré (désormais 7 ETP), avec pour effet immédiat, une fréquentation accrue. L’intégration du Jardin des Arts, galerie publique d’exposition, joue parfaitement la synergie pour l’accueil de nouveaux publics.
Pour la mise en oeuvre du projet, vous avez fait appel à Emergences-Sud pour l’AMO. Comment s’est déroulé cet accompagnement ? Comment avez-vous travaillé avec le cabinet d’architecte pour que le bâtiment garde en mémoire son passé industriel tout en répondant aux normes d’aujourd’hui pour un lieu culturel et de réception du public ?
L’intervention en amont d’un programmateur n’est pas étrangère au succès immédiat, tant elle a permis à la fois de mieux évaluer les besoins, les contraintes réelles et les opportunités. L’ambition de conserver le caractère patrimonial du lieu et de faire de la cheminée, le phare repérable d’un nouveau centre-ville entre la gare et l’Hôtel de ville a pu ainsi se concrétiser. L’aide à la maîtrise d’ouvrage confiée à Émergences-sud a facilité l’organisation d’un concours d’architectes puis le suivi, dans les clous, de la relation avec les concepteurs. Ainsi, a pu s’exprimer la volonté de prendre en compte tous les publics par des propositions, des aménagements diversifiés et modulables permettant de répondre à leur spécificité et à un large éventail de programmation.
Le jeune public est-il sensible au lieu ? Qu’apporte le « patio », spécifique à la médiathèque septémoise ?
Ouverte à un moment où le service public est au cœur d’enjeux importants, la Médiathèque marque la volonté municipale d’offrir à la population un nouveau lieu, non seulement de culture, mais aussi social. À cheval entre son passé industriel et fer de lance de nouvelles pratiques culturelles, au centre du développement de Septèmes. Entre ses cuves dominées par les roches de la carrière ; sa cheminée de briques, véritable totem ; son patio ouvert, dans tous les sens du terme et sa salle d’exposition, la Médiathèque Jòrgi Reboul exerce un nouveau pouvoir d’attraction singulièrement chez les jeunes qui y côtoient tout à la fois le papier, les nouvelles technologies, les tableaux, sculptures et objets et des ateliers de jeux et/ou de créations.
Ce qui me permettait d’écrire, un an après l’ouverture sur l’almanach municipal, « Une ville a plusieurs cœurs, en un an, la Médiathèque et son Jardin des Arts, ont insufflé à Septèmes la vitalité de leurs pulsations. Dans la friche, s’est créé un nouveau lieu de vie, pour lire, pour écouter, chercher, discuter, se rencontrer, s’informer, travailler, regarder, découvrir, s’amuser, fabriquer, s’étonner… Un mot pour résumer, un lieu de culture populaire ! »
Si les habitants de Septèmes et au-delà viennent à la Médiathèque, celle-ci ne reste pas « les pieds tanqués » dans son écrin de verre. Son partenariat avec différentes structures publiques et avec le Centre social du quartier en politique de la ville permet de tisser le fil d’Ariane qui amène la population in situ. Le projet de la « cariole du livre » qui circule dans le quartier en est un exemple.
- Commune : Septèmes-les-Vallons
- Département : Bouches-du-Rhône (13)
- Région : Provence Alpes Côte d’Azur
- Population : 10 721 habitants
- Maire : André Molino (Parti Communiste)
- Site internet : www.ville-septemes.fr
- 1991 : premier espace bibliothèque de 100m2 à Septèmes
Aujourd’hui : - 850 m2 d’espaces couverts
- 20 000 ouvrages et supports divers à consulter et emprunter