Communiqué de Presse
L’association des maires Ville & Banlieue de France regrette vivement que l’approche globale attendue pour une « nouvelle saison » de la politique de la ville ait fait long feu.
Ce n’est certes pas une surprise. Après avoir patiemment instillé l’idée selon laquelle « la politique de la ville est coûteuse et ne sert à rien », les annonces ont suivi ce mardi 22 mai.
Si, au plan du constat de la dégradation de la situation des habitants des quartiers urbains fragiles, le Président de la République a évoqué la quasi totalité des sujets sur lesquels des centaines d’élus, fonctionnaires, acteurs économiques, sociaux et associatifs, ayant une réelle expertise sur le sujet ont travaillé depuis des mois pour lui formuler les préconisations qu’ils avait lui-même réclamées, il faut se rendre à l’évidence : seule une poignée de suggestions a été retenue.
Hormis, pour l’essentiel, la confirmation du doublement du financement de la rénovation urbaine et le maintien de l’ANRU, l’Agence nationale qui lui est dédiée, les moyens budgétaires, nerf de la guerre, ne sont pas au rendez-vous. Alors qu’on espérait l’annonce d’un élan sous une formule qui aurait pu être « La République, une assurance pour tous », les propos du Chef de l’État ont donné sens au slogan affiché en belles lettres sous lequel il s’est exprimé : « La France, une chance pour chacun ». Que la bonne fortune sourie aux plus veinards…
Au-delà de l’essentielle et centrale question des moyens sans lesquels la situation continuera à se dégrader pour 5,5 millions de personnes, la méthode pose aussi question.
On ne peut conduire une politique publique d’État censée faire vivre les valeurs républicaines en s’en remettant principalement au bon vouloir des seuls acteurs économiques pour lutter pour l’emploi et la formation, sans évoquer le rôle majeur des services publics comme outils républicains égalitaires, ni sans annoncer aucun calendrier de généralisation à l’ensemble des sites fragiles d’expérimentations ciblées sur quelques quartiers (police de sécurité du quotidien dans 30 sites, 10 opérations pour les copropriétés dégradées, projets « cœur de quartier » pour « quelques cibles », « quelques centres de formation d’apprentis dans ou à proximité de quelques quartiers », etc.).
On ne peut non plus conduire sereinement une politique de solidarité entre l’État et les territoires en ne considérant qu’avec dédain les élus locaux. Ils ont été injustement accusés par le Chef de l’État, à plusieurs reprises, de clientélisme. Ils sont exclus, parjurant la parole présidentielle donnée en novembre, du conseil présidentiel des villes présenté comme la panacée du pilotage de projet. Ils sont tout juste jugés bons à exécuter, au mépris de la libre administration de leurs communes, des décisions prises par l’État (construction et gestion des classes créées pour dédoubler les effectifs des REP, polices municipales qui doivent « faire plus », etc.). Ils sont abandonnés à leurs difficultés que l’État a lui-même générées avec les baisses des dotations et, depuis 2018, le pseudo-contrat du « pacte de confiance », qui relève plus du contrôle et de la contrainte, pour l’adaptation duquel Jean-Louis Borloo avait pourtant formulé des propositions dans le 14ème chapitre de son rapport, même pas évoquées, et a fortiori pas retenues. Petits élus de la République, circulez !
Ne restera-t-il aux territoires, leurs élus, leurs associations, et surtout leurs habitants, d’autre voie que de saisir l’instance pour l’équité territoriale dont la création a été annoncée ? Il faudra qu’elle soit dotée de moyens conséquents, car elle risque d’avoir du pain sur la planche !
Dans ce contexte, l‘association des maires Ville & Banlieue de France poursuit avec d’autant plus de détermination sa mission de partage d’expériences et d’analyses entre élus des territoires, de propositions et de réclamations en direction des institutions de la nation et appelle au rendez-vous du 14 juin prochain à La Seyne-sur-mer (83) pour une prochaine étape des Territoires Gagnants sur le thème : Citoyenneté, prévention et cohésion sociale : construire ensemble la sécurité dans les quartiers.